Dans son premier roman, la plasticienne construit le faux journal intime d’une femme en rupture, agrémenté de photos de famille.
C’est une installation d’art contemporain autant qu’un roman. La plasticienne Gabriella Zalapì, imaginant le journal intime d’une jeune femme en 1965 dans la grande bourgeoisie palermitaine, a construit son texte autour de photos de famille en noir et blanc, reproduites dans le livre.
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Un dispositif littéraire troublant, au service d’une écriture maîtrisée, pour dresser un très beau portrait de femme : Antonia, mariée et mère d’un petit garçon, étouffe dans sa cage dorée. Un jour, elle reçoit un carton de photos anciennes, retrouvé chez sa grand-mère décédée. Antonia s’y plonge et n’en sort plus.
Dans son journal, elle consigne ses découvertes, et d’un cliché à l’autre se déroule l’histoire tourmentée de sa famille, les tragédies et les guerres, un grand-père juif échappé de Vienne, des ancêtres aristocrates anglais installés en Sicile. L’époque troublée de l’enfance resurgit, marquée par la violence d’une mère instable.
Le procédé permet à Zalapì de tenir son texte en évitant la banale reconstitution historique, mais aussi de ménager des non-dits et d’effectuer des allers-retours entre un passé mythique et la vie quotidienne empesée d’Antonia. A la bourgeoisie sicilienne traditionnelle du milieu des années 1960, elle oppose une histoire cosmopolite et vagabonde, où une femme empêchée de vivre et de s’exprimer va puiser la force de se retrouver.
Antonia. Journal 1965-1966 (Zoé), 112 p., 12,50 €
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