Autodérision, réflexions existentielles, Julia Wertz signe une chronique autobiographique à l’humour acide.
Jeune auteur originaire de Californie, Julia Wertz s’est mise à lire des bandes dessinées à 20 ans, alors qu’elle était immobilisée chez elle par un lupus, une grave maladie auto-immune. Véritable révélation, la BD fait depuis totalement partie de son existence.
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Inspirée notamment par le travail autobiographique de Julie Doucet, elle s’est mise à dessiner son quotidien. L’Attente infinie est un recueil de trois récits centrés sur ses premiers jobs, la découverte de sa maladie, ses débuts dans la BD, et son amour de la lecture.
Episodes peu glorieux de sa vie
Jeune fille à la langue bien pendue et au tempérament vif, Julia Wertz est d’une franchise brutale dans sa description d’elle-même, des autres et des relations humaines. Elle ne se donne jamais le beau rôle, retrace sans fard des épisodes peu glorieux de sa vie, comme son début d’alcoolisme, et surtout épingle sans pitié ses contemporains.
“C’est important de décrire les gens tels qu’ils sont, ce qui n’est pas toujours flatteur. Je suis fascinée par les erreurs des gens, par leurs défauts, donc je dois être honnête et évoquer les miens aussi. Certains de mes traits de caractère sont déplaisants mais je les représente pour que mon personnage soit réaliste, acceptable. Personne n’aime les gens parfaits !”, nous explique-t-elle.
Moues désabusées et piques misanthropes
Son dessin au trait clair et naïf lui donne des airs candides qui rappellent la jeune Zoé d’Ernie Bushmiller. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Si l’on devait trouver à Julia Wertz une parenté chez des personnages de fiction, c’est vers les plus impayables pestes de séries télé qu’il faudrait chercher. Avec ses moues désabusées et ses piques misanthropes, Julia Wertz est la cousine de Daria ou d’April Ludgate de Parks and Recreation. Elle excelle à représenter son humeur – moqueuse, massacrante, ironique, blasée… – par de petits détails, un plissement de paupière ou une bouche tombante.
Son humour acide s’exprime aussi au travers d’un langage sans filtre et de réflexions mordantes. “L’humour montre que je ne me prends pas au sérieux, et donc que le lecteur ne le doit pas non plus. Et puis j’ai été élevée dans une famille marrante. C’est comme ça que l’on réglait les choses entre nous, donc c’est vraiment ma nature.” Une nature qui derrière les sarcasmes se révèle belle et attachante, et terriblement douée pour dédramatiser la dureté du quotidien.
L’Attente infinie (L’Agrume), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Aude Pasquier, 240 p., 20 €
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