Une enquête sur les crimes d’un tueur en série ayant sévi à Téhéran. Dérangeant.
Réfugié politique vivant en France depuis 2011, l’Iranien Mana Neyestani est dessinateur de presse et auteur de BD – notamment d’Une métamorphose iranienne (2012). Son nouvel album, L’Araignée de Mashhad, retrace, en mêlant fiction et réalité, le parcours d’un tueur en série qui assassina seize prostituées en 2000-2001 à Mashhad, ville sainte et deuxième plus grande métropole d’Iran.
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Mana Neyestani construit son portrait solidement, à partir d’un entretien réel, glaçant, mené et filmé par deux journalistes. Il le complète par des interviews des proches du tueur, de ses victimes, du juge en charge du dossier, ainsi que par les réactions de l’intervieweuse.
Une partie de la population approuve les meurtres
A travers ces différents points de vue, représentés d’un trait trompeusement doux aux fines hachures, Mana Neyestani questionne avec lucidité le poids de la religion sur la société iranienne. L’interprétation de la charia par le tueur, prétexte à livrer sa propre justice (débarrasser la terre des femmes de mauvaise vie), embarrasse le juge, qui s’interroge sur les notions de justice, de justice divine et de loi islamique. L’auteur met aussi en avant l’endoctrinement d’une partie de la population, qui approuve les meurtres et fait du tueur un héros. Un album saisissant et dérangeant.
L’Araignée de Mashhad (Là & Arte Productions), traduit du persan par Massoumeh Lahidji, 164 pages, 18 €
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