Dans ce réjouissant anti-guide de la mégapole américaine, Julia Wertz part à la recherche d’une ville disparue.
Depuis plus d’une décennie, l’Américaine Julia Wertz excelle dans le genre de l’autobiographie. Jamais complaisante avec elle-même, elle a prouvé avec L’Attente infinie, traitant de son alcoolisme ou de ses problèmes de santé (un lupus), qu’elle pouvait tout raconter. Situations ridicules, dysfonctionnements familiaux, dépendances… avec son dessin simple et son autodérision féroce, elle dessine tout ce qui l’agite, sans filtre ni trop de falsifications.
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« Si vous vous attendiez à un guide des restaurants et des villes, c’est franchement pas de bol », annonce-t-elle dans l’avant-propos
Les Entrailles de New York est le premier livre consacré à un sujet plus grand qu’elle, sujet derrière lequel elle s’efface, se mettant en scène seulement le temps de quelques pages. Dans le corrosif Whiskey & New York (par ailleurs réédité), Julia Wertz avait raconté sa relation d’amour-haine avec une métropole où elle n’avait pas encore ses repères. Ensuite, elle a mis la pédale douce niveau alcool et s’est transformée en exploratrice urbaine. « Si vous vous attendiez à un guide des restaurants et des villes, c’est franchement pas de bol », annonce-t-elle dans l’avant-propos.
New York disparue
Avec ce gros pavé, prépublié en partie dans le New Yorker, elle nous propose une visite qui lui ressemble. L’itinéraire qu’elle établit inclut les librairies indépendantes de New York et les cinémas mythiques, mais aussi la plage moins sexy de Bottle Beach, jonchée de détritus et d’os de chevaux… Nostalgique d’une New York disparue qu’elle n’a jamais connue, elle en cherche compulsivement les traces.
Elle rappelle pourquoi les flippers ont été un temps prohibés et dresse le portrait de New-Yorkaises autrefois célèbres
Elle se régale ainsi à comparer les architectures et les enseignes du passé avec celles d’aujourd’hui, dans des dessins minutieux qui exposent les effets de la mondialisation et de la gentrification. En parallèle, elle retrace l’historique de la voirie, rappelle pourquoi les flippers ont été un temps prohibés et dresse le portrait de New-Yorkaises autrefois célèbres – la pyromane et serial killer Lizzie Halliday ou Mary Mallon, responsable d’une épidémie de typhoïde au début du XXe siècle. Avec Les Entrailles de New York, drôle, décalé et instructif, elle mène à bien son objectif : mettre un coup de projecteur sur sa vision de la ville.
Les Entrailles de New York (L’Agrume), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Aude Pasquier, 284 p., 28 €
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