Le seul livre de Henry Miller écrit en français. Un manifeste fulgurant de liberté.
La verve de Miller ne vieillit pas. Qu’on plonge dans l’un de ses Tropiques ou qu’on découvre une rareté, forcément précieuse, rien ne résiste à ce lyrisme cru, à cette langue sensuelle de pirate. En 1976, il pondait ce court texte en français, sous l’insistance d’une admiratrice, étudiante en thèse sur son œuvre. Avec son panache habituel, l’auteur de La Crucifixion en rose y célèbre ses écrivains fétiches (Céline, Rimbaud, Lewis Carroll…), le cul, le vin rouge et Picasso. Le tout dans une langue de Molière admirablement écorchée – le texte est resté dans son jus, avec ses fautes de grammaire, ses erreurs, sa mauvaise ponctuation et ses “fautes d’orthographie”. Ce qui n’atténue en rien la fougue de l’écrivain déroulant une sorte de manifeste esthétique à l’usage du lecteur français.
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Une virée européenne en Fiat, des démêlés avec un médium à Londres
Si Miller affectionne Rabelais et Cendrars, la grande littérature, il n’en salue pas moins notre “art de mener une bonne conversation” et dresse une liste de mots empruntés au registre argotique, comme “enculé”, “tapette”, “analphabète”, “bouze”, “toubib”, “maquereau”, “boustifaille” et “cacahuètes”… Il est aussi question d’une maîtresse allemande, d’une virée en Europe à bord d’une Fiat, de démêlés avec un médium à Londres, de Richard Cœur de Lion et de salles de ping-pong à Paris. “Etre fou c’est d’être poète”, écrit Miller qui voit dans le désir de “perfection” l’ennemi absolu. Sa folie à lui prend ici des accents attachants de monologue olé olé et libertaire.
J’suis pas plus con qu’un autre (Buchet Chastel), 60 pages, 8 €
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