L’écrivain imagine l’ultime épisode de la mythique série télé dans un roman inclassable.
C’est un livre étonnant, sans numérotation de pages, qui s’ouvre sur le dessin d’une pellicule de 35 mm avec le chiffre “3” indiqué dessus, compte à rebours avant le début d’un film. Au-dessous, en italique, comme une voix off : “Ladies and gentlemen, this is Orson Welles.” “Soyez sans crainte, poursuit le cinéaste-narrateur à la page suivante. Pour l’instant l’écran est vide. Vous pouvez, si vous le souhaitez, fermer les yeux, mais je vous prierai de les rouvrir lorsque je vous le demanderai. Vous devez comprendre que vous faites désormais partie de l’histoire. Vous en êtes la vedette.”
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Septième roman de l’écrivain et poète français Pierre Cendors, Vie posthume d’Edward Markham met d’abord en scène l’ultime épisode de The Twilight Zone, la mythique série télévisée américaine. Usher, 46 ans, grand, mince, roule au volant de sa berline Saturn Ion. Le fait que l’épisode soit raconté par Welles amusera les fans de La Quatrième Dimension, qui savent que son créateur Rod Serling rêva longtemps de voir l’auteur de Citizen Kane présenter sa série sans jamais oser le lui demander…
Une paranoïa diffuse caractéristique de la guerre froide
Nul besoin toutefois de connaître ce chef-d’œuvre du petit écran pour apprécier Vie posthume…, prétexte permettant au romancier d’imaginer ce récit d’anticipation surnaturel, poétique, écrit dans ce style désuet qui évoque les années 1950, leurs acteurs tirés à quatre épingles et cette paranoïa diffuse caractéristique de la guerre froide.
Fasciné depuis l’enfance par Houdini et le cinéma, Cendors est devenu à son tour un écrivain illusionniste, maître dans l’art de brouiller les frontières. On retrouve ici ce mélange de poésie, thriller et méta-littérature qui fit la réputation de son premier texte, L’Homme caché (2006).
Que l’acteur principal de cet épisode ait pour nom celui d’un poète américain du début du siècle, qu’il soit lui aussi condamné à mourir, et demande à son ami scénariste de le faire sortir de l’écran de la façon la plus digne possible, sont autant de pistes passionnantes qu’on ne révélera pas pour saisir ce qui se trame dans ce roman aussi original qu’intrigant.
Vie posthume d’Edward Markham (Tripode), 100 p., 15 €
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