Erwan Desplanques teste ses personnages dans des situations difficiles. Un recueil de nouvelles, petites merveilles de perfection, sur toutes nos petites et grandes dingueries.
Après L’Amérique derrière moi (2019), Erwan Desplanques revient aux textes courts, genre qu’il avait testé avec Une chance unique en 2016. En dix nouvelles parfaitement construites, il met en scène des personnages surpris en plein dérapage.
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C’est sans doute sa capacité à saisir en peu de mots la complexité d’une vie qui est le plus grand talent de cet auteur. Ses personnages, hommes ou femmes, ados ou trentenaires, sont toujours très incarnés, crédibles. Desplanques choisit de les placer dans des situations où chacun·e peut, ou pas, basculer dans l’irrationnel. Un homme face à un ancien supérieur hiérarchique qui lui a pourri la vie, un époux en vacances chez sa trop parfaite belle-famille, des copains de foot désarçonnés par la mort de l’un d’eux, une jeune femme contrainte d’admirer à la télé l’inexplicable réussite d’une ancienne coloc. Chaque fois, Desplanques saisit un moment clef dans une existence, et à travers l’observation fine des réactions de ses protagonistes, il nous donne à ausculter nos propres désarrois.
Microcosmes
Car il est autant question d’intime que de collectif dans ces nouvelles. Une entreprise quelconque, une famille banalement bourgeoise, un couple lambda, un groupe d’ami·es comme il y en a partout sont autant de microcosmes qui permettent à l’auteur de faire apparaître des failles, des faiblesses, comme les sensations de jalousie ou de culpabilité qui saisissent ses personnages et peuvent les pousser dans la violence. Et dans ces textes courts, Desplanques dresse avec humour le portrait corrosif d’une société obnubilée par les notions de réussite et de performance.
Quel que soit le propos, c’est dans leur construction que ces textes sont particulièrement remarquables. Chacune de ces nouvelles est une délicate dentelle, portée par une écriture toute en retenue, sans effets inutiles ni esbroufe, qui laisse une place aux non-dits, à des gouffres intérieurs que l’auteur nous laisse deviner.
La part sauvage d’Erwan Desplanques (L’Olivier), 160 p., 18,50 €.
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