Le reporter a vécu auprès d’exclu·es pour un nouveau récit “immersif” au cœur de la vallée du Colorado. Fascinant.
Après s’être fait passer pour un clandestin afin de vivre auprès des migrant·es égaré·es à la frontière entre les États-Unis et le Mexique (Les Coyotes), après avoir sauté de train en train à travers le pays (Au fil du rail), l’écrivain-anthropologue Ted Conover poursuit son exploration des marges de l’Amérique avec un nouveau récit “immersif” au cœur de la vallée du Colorado, auprès d’exclu·es : des nomades et des fugitif·ves, des désœuvré·es et des accrocs, pour qui la prairie est un “sanctuaire”, l’antre d’une survie.
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Mû par une volonté de comprendre les failles d’un pays impossible à saisir depuis New York (il était persuadé que Trump ne pourrait jamais gagner l’élection de 2016), Conover sonde ici les profondeurs d’une Amérique malade, reculée, perdue pour elle-même. Sur ces terres arides et vides, l’auteur a voulu vivre une année durant.
Au plus près de son expérience, adepte d’une écriture sèche dans sa manière de documenter ce qu’il vit et traverse, Conover oscille lui-même entre le récit d’un désœuvrement humain généralisé (une sorte de “Petite maison dans la prairie, avec de la meth”) et un sentiment d’euphorie face aux grandes étendues. En roulant dans la vallée, l’auteur réactive, par-delà la dureté de la vie quotidienne, ce mythe de l’espace américain où l’échec de l’existence se fond dans la matérialité brute du paysage.
Là où la terre ne vaut rien de Ted Conover (Éditions du sous- sol), traduit de l’anglais (États-Unis) par Anatole Pons-Reumaux, 336 p., 23,50 €. En librairie le 2 février.
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