Emménageant à Londres, une femme tente de se reconstruire après un divorce. Un bouleversement intime par l’auteure d’Arlington Park.
Les personnages de Rachel Cusk forment une chaîne humaine, et en organisant une série de rendez-vous autour de sa narratrice, l’auteure d’Arlington Park esquisse le tableau vivant de nos existences. Faye était l’héroïne de Disent-ils, le précédent livre de la romancière britannique. Cette mère de deux garçons – écrivaine, la quarantaine – vient de divorcer.
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Lorsque Transit débute, un horoscope lui annonce que des bouleversements majeurs vont surgir dans sa vie. Elle s’en doutait puisqu’elle est en train de déménager, revenant à Londres après plusieurs années passées en province. Faye décide d’acquérir dans un quartier bobo un appartement en piteux état où tout est à refaire. Comme dans sa vie, après son divorce.
Le livre va suivre tout à la fois le processus de transformation de l’appartement et celui de Faye dans ses nouvelles aventures. Cusk structure ses chapitres autour des rencontres fortuites qui rythment le quotidien de sa narratrice : un maçon, une voisine, des écrivains au cours d’un festival littéraire, un ancien fiancé, des amis.
Une ancienne banlieue ouvrière dévorée par la gentrification
Chacun se raconte et Faye, telle une éponge, absorbe leurs récits avec un intérêt d’ethnologue. Sans en avoir l’air, le procédé bouscule la forme du traditionnel roman à l’anglo-saxonne. Car tous ces témoignages attrapés au vol n’ont ni début ni fin, on ne sait jamais ce qu’il va se passer après, hors cadre, lorsque ces gens se sont éloignés.
Rachel Cusk, qui a signé un essai sur le divorce, Contrecoup, relie ces témoignages dans une thématique commune. Chacun renvoie à ce que l’on peut changer dans sa vie pour avancer, et à la façon dont on y survit. Les bouleversements sont à l’œuvre dans d’autres éléments du roman, comme le quartier, ancienne banlieue ouvrière dévorée par la gentrification. Mais les champions de la métamorphose sont les enfants, qui grandissent inexorablement et échappent à leurs parents médusés.
Cusk traite à nouveau de la maternité et analyse très finement la relation que sa narratrice entretient avec ses fils, empreinte de culpabilité alors qu’ils vivent chez leur père le temps de la rénovation de l’appartement. Cela dit, Faye est avant tout une romancière, et la question principale posée par le livre est dans quelle mesure des événements privés, intimes, peuvent transformer une écriture.
Transit (L’Olivier), traduit de l’anglais par Cyrielle Ayakatsikas, 240 p., 22 €
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