La Modestie et autres récits : drôles, surréalistes, des nouvelles de l’écrivain espagnol nous plongent au bord de la folie.
Enrique Vila-Matas, c’est un sens de l’absurde implacablement cohérent – et inépuisable. La preuve avec ces nouvelles, écrites au fil du temps pour des revues ou autre, enfin rassemblées en un recueil : de la première, “Houle”, en 1988, à la dernière, “Je ne lirai plus de mails”, en 2013, le style et les thèmes de l’auteur catalan ne changent pas. Situations exubérantes, voire invraisemblables, imbriquées au réel (noms de lieux, personnes que l’on reconnaît, etc.), au gré de textes hybrides, entre la farce et le conte, toute sa magie est là, à une différence près avec ses romans : la nouvelle semble l’autoriser à encore plus d’onirisme.
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Ainsi du premier texte, où il raconte sa rencontre à Paris, et son premier dîner, avec une imperturbable Marguerite Duras qui deviendra sa logeuse dans les années 1970. Si l’écrivain a déjà narré cette rencontre dans son roman Paris ne finit jamais, elle gagne ici un surplus de fiction : quand son ami Andrés affirme, lors du dîner, venir de l’Atlantide, et finit par se jeter à la Seine deux fois, pour, semble-t-il, y rester. Le lecteur oscille constamment entre rire et sentiment d’inquiétante étrangeté.
La Modestie et autres récits (Christian Bourgois), traduit de l’espagnol par Eric Beaumatin et André Gabastou, 358 pages, 18 €
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