Balade mélancolique dans la mémoire du grand Pivot : une réussite.
Ah ! Les silences de Marguerite Duras. “Sublimes”, se souvient aujourd’hui Bernard Pivot, et force est de constater que, comme d’autres séquences d’Apostrophes, son interview culte de la romancière appartient à la mémoire collective. Dans une série de courts textes, le président de l’Académie Goncourt se souvient ainsi d’hommes et de femmes qu’il a croisés et n’a pas oubliés, Jorge Semprun ou Karen Blixen.
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https://youtu.be/BidilIrlVGo
“Avec mes morts, j’ai une proximité tendre, mais inquiète, crispée”
Comme le suggère le titre du livre, Pivot vagabonde et nous offre ses souvenirs dans le désordre, ils surgissent au gré de ses lectures, naissent d’une phrase d’Antoine Blondin ou de Jean Echenoz. Le journaliste règle quelques comptes – avec Jean d’Ormesson –, regrette parfois, nous émeut souvent.
Surtout, en homme revenu de tout, il s’interroge sur l’amour, la beauté ou le temps perdu. Avec une apparente légèreté, il dresse des bilans, raconte les coulisses de la vie littéraire de jadis et celle d’aujourd’hui, depuis les complots autour des prix jusqu’au mercato actuel, et se souvient des cocktails de la rentrée de septembre à l’époque où on y croisait Jean-Paul Sartre et Romain Gary. Et, parmi les écrivains admirés, se mêlent des images plus intimes surgies de l’enfance et l’adolescence : “Avec mes morts, j’ai une proximité tendre, mais inquiète, crispée. Mes morts sont dans ma conscience.”
La mémoire n’en fait qu’à sa tête de Bernard Pivot (Albin Michel), 240 pages, 18 €
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