Censuré par les fascistes, ce classique de la littérature transalpine séduit par sa modernité.
Cela commence comme un conte : une petite fille refuse de sortir de chez elle et s’enferme dans une malle. Sa mère l’enjoint de se marier. Elle accepte, épouse un bon parti, s’efforce d’être ce qu’on attend d’elle, et devient folle. Entre-temps, la “Massaia” – qu’on pourrait traduire par maîtresse de maison ou femme au foyer – vivra mille péripéties drolatiques.
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Un sens de l’absurde et du merveilleux à la Calvino
Ce classique italien est une peinture au vitriol de la bourgeoisie catholique – le pouvoir fasciste, atterré, l’avait censuré. L’auteure se moque des conventions avec une impertinence réjouissante : “La Massaia réorganisa toute sa vie autour des tâches ménagères et sociales : emplettes absurdes, admonestations, conversations ineptes, lectures sans intérêt et idées fixes, idées fixes, idées fixes.”
Si elle peut être reliée, par son sens de l’absurde et du merveilleux, à des romanciers comme Calvino ou Pirandello, Paola Masino étonne par sa virtuosité. La Massaia est un exercice de style qui parfois se fait pastiche, devenant pièce de théâtre ou journal intime.
La romancière surprend surtout par sa modernité. Son texte, écrit au début des années 1940, aborde des thématiques intimes comme le corps, la sexualité et la maternité, toujours avec le même ton, acerbe et libre.
La Massaia (La Martinière), traduit de l’italien par Marilène Raiola, 352 p., 20,90 €
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