Une nouvelle anthologie des écrits journalistiques, fulgurants et prenants, de l’auteur britannique.
Quand le romancier anglais le plus flamboyant de sa génération se tourne vers le journalisme, il lui faut, pour retrouver sa verve, se frotter à des sujets dignes de lui. Au nombre de ceux-ci ne figurent pas les hommes politiques : bien que tout sépare le très droitier Donald Trump et le vieux gauchiste Jeremy Corbyn, Martin Amis décèle chez eux une commune inculture.
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En résultent des portraits d’une condescendance frôlant le mépris – et, concernant leurs chances d’être élus, des pronostics d’une médiocre clairvoyance. Au moment d’aborder les formes extrêmes du sexe et de la violence, l’auteur de Poupées crevées se montre sensiblement plus inspiré.
Empathie et fulgurances
De son immersion dans le monde de la pornographie gonzo ou des tueurs adolescents de Cali, il ramène des papiers d’autant plus saisissants que l’effroi s’y mâtine d’un humour désespéré. Ce Martin Amis simultanément capable d’empathie et de fulgurances excelle dans les portraits d’écrivains : quand il relit Nabokov, analyse les paradoxes de J. G. Ballard, sonde les mystères de Don DeLillo, vante l’indémodable séduction de Jane Austen ou soumet à une lecture critique la prose d’Updike vieillissant, l’ex‑enfant terrible touche au sommet de son art.
Publiés sur une période de trente ans, les textes regroupés dans La Friction du temps sont l’œuvre d’un lecteur obsessionnel ; bien qu’épisodiquement péremptoires, les jugements qu’il y porte ont le mérite de ne laisser aucune place à l’indifférence. Bruno Juffin
La Friction du temps (Calmann-Lévy), traduit de l’anglais par Bernard Turle, 486 p., 22,90 €
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