Installée en Suisse, l’autrice allemande publie à 39 ans un premier roman tranchant comme une lame sur une histoire d’amour rongée par les non-dits.
En cette rentrée hivernale, Marta et Arthur, premier roman, sort du lot à la fois par la rugosité de son sujet et l’ascétisme de son style. Un couple de quinquagénaires en plein marasme conjugal, jusqu’au matin où la femme découvre son mari mort dans son lit. Mort naturelle ? Meurtre ? Une écriture clinique.
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On songe à un inédit de Bergman. Le cadre y incite : une station balnéaire sur la Baltique. Contactée à Zürich où elle réside, chroniqueuse littéraire pour l’hebdomadaire NZZ am Sonntag (édition dominicale du quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung), Katja Schönherr dit : “Je fuis le pittoresque, j’ai inventé une ville abstraite. Pour ne pas distraire la lecture et rester concentrée sur la relation toxique entre Marta et Arthur.”
Portrait d’une femme flouée
Née en 1982 à Dresde, métropole au sud-est de l’ex-RDA, elle avait 7 ans lors de la chute du Mur. “Je me souviens vaguement de certains produits de consommation qui n’étaient disponibles qu’en RDA et qui relèvent désormais du segment ‘nostalgie’. Je me souviens aussi du jour où j’ai fait la queue avec ma mère pour acheter pour la première fois des bananes. Ce n’est toujours pas une évidence pour moi de pouvoir voyager librement à travers l’Allemagne.”
“Chaque fois je me demande si j’ai vraiment le droit d’être là. Dresde me hante. Moins par son passé communiste que par l’ambiance politique actuelle travaillée par le démon du néonazisme. Les deux peuvent difficilement être séparés l’un de l’autre.” Portrait d’une femme flouée, Marta et Arthur est-il un roman féministe? “C’est à vous de le dire.” On le dit !
Marta et Arthur (Zoé), traduit de l’allemand par Barbara Fontaine, 250 p., 15 €, en librairie le 4 février
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