Emanation de l’esprit punk anglais, la série Judge Dredd reste à (re)découvrir. Quarante ans après ses débuts, elle semble même de plus en plus actuelle.
A cause de publications erratiques et d’une adaptation ciné avec Stallone aux allures de contresens, Judge Dredd a longtemps été perçu chez nous comme un personnage de série B. Il fait pourtant partie des créations européennes les plus fascinantes, comme le montre la salvatrice série de rééditions entreprises par l’éditeur Delirium.
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Justicier incorruptible au visage caché sous un casque noir, Dredd apparaît il y a quarante ans dans le magazine de SF 2 000 AD, le cousin anglais de Métal hurlant, qui a révélé les talents d’Alan Moore, de Neil Gaiman ou de Grant Morrison. S’adressant avant tout aux ados cherchant à s’évader, la série s’inscrit dans une veine futuriste et postapocalyptique. D’une main ferme et sans états d’âme, Dredd fait respecter la loi au sein de la démesurée et violente Mega-City One, mégapole qui s’étend sur toute la Côte Est américaine.
En raison d’une gestation chaotique (différends entre ses créateurs, le scénariste John Wagner et le dessinateur Carlos Ezquerra), les premières histoires sont surtout prétextes à des scènes de baston. Mais, petit à petit, des thèmes forts tels que l’Etat ultra intrusif proche du fascisme et la place des robots dans cette société cauchemardesque creusent leur sillon, et le ton des épisodes, empreint de l’esprit punk de l’époque, devient mordant.
La satire prend le pas sur le suspense
Sous l’impulsion d’un Wagner de retour aux affaires, la dimension satirique prend le pas sur le suspense – pourtant réel – de ce feuilleton hebdomadaire. Si ce comics subversif a résisté à l’usure du temps, c’est aussi grâce à son humour noir. Dredd avertit ainsi le citoyen suicidaire sur le point de sauter d’un immeuble qu’il s’apprête à commettre un délit en détériorant la voie publique !
Reprenant par ordre chronologique les aventures de l’antihéros Dredd, ce gros recueil permet une immersion dans un savoureux trésor de la SF 70’s. A noter que Delirium, afin que la loi soit bien appliquée, édite aussi deux albums du Judge, moins cultes mais plus contemporains, Origines et Les Liens du sang.
Judge Dredd – Les affaires classées 01 (Editions Delirium), 352 pages, 34 €
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