Succès de librairie outre-Rhin, Il est de retour, du journaliste allemand Timur Vermes, met en scène le come-back d’Hitler dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Provoc à deux balles ?
Le sujet
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Et si Hitler revenait à la vie ? C’est le scénario rétro-futuro-cata épais comme un sandwich SNCF imaginé par le journaliste allemand Timur Vermes. Véritable carton outre-Rhin, Il est de retour, met en scène le come-back du dictateur tiré du formol – et non d’une imprimante 3D. Violemment confronté à une Allemagne devenue multiculturelle, Hitler adopte un look de hipster (chemise à carreaux, jean), crée son adresse mail et devient le héros malgré lui d’un show de divertissement. Hitler a beau jouer de son plus bel accent autrichien, personne ne le prend au sérieux et tout le monde voit en lui une sorte de Gérald Dahan teuton. Bon an mal an, l’ancien chancelier du Reich accepte donc le jeu médiatique. Devant le succès des foules, Hitler finit par envisager un retour sur la scène politique.
Le souci
Timur Vermes n’est pas le premier romancier à se servir d’Hitler pour une uchronie en terres brunes. Avant lui, Robert Harris ou Philip K. Dick sont passés par là. Le problème du roman de Vermes (ancien nègre littéraire) c’est qu’il navigue (à vue) entre la farce à gros sabots et le roman moralisateur. Multipliant les quiproquos et les ficelles aussi grosses que celles employées par Michel Galabru et Patrick Topaloff dans Le Führer en folie (attention nanard), Vermes nous plonge dans un récit inutilement provocateur. Voulant dénoncer la banalisation du mal, l’auteur allemand réussit surtout à banaliser l’humour de Ligue 2. Comme cette scène où, confronté à la remarque d’une secrétaire sur la taille de police de sa machine à écrire, Hitler rétorque : « Pour la police, j’ai déjà la Gestapo. »
Le symptôme
Hitler reste la figure toute trouvée pour des provocateurs en rupture de ban. Mais cette mise en scène d’Hitler à la première personne fleure bon le malaise et relègue au second plan les faits historiques. Au moment de la diffusion du film La Rafle sur TF1 en 2012, un sondage CSA révélait que plus de quatre Français sur dix déclaraient ne jamais avoir entendu parler de la rafle du Vél d’Hiv (67 % chez les 15-17 ans). Preuve s’il en était qu’avant de publier la traduction française d’une mauvaise satire sur Hitler, il y avait sans doute d’autres priorités.
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