L’emploi inattendu de l’écrivain comme prétexte à une fantasque histoire de l’Argentine.
Opposant au président controversé argentin Juan Perón, l’écrivain Borges est nommé en 1946 “inspecteur des lapins et de la volaille sur les marchés publics”. Il préférera une carrière d’homme de lettres à cet emploi loufoque qu’il n’occupera jamais, à part dans cet album labyrinthique et fascinant.
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Le dessinateur Lucas Nine imagine avec une gourmandise délirante Borges dans le rôle d’un grotesque policier de basse-cour. Cet improbable point de départ, il le transforme avec son trait acéré, hérité en partie de son père Carlos, en une réjouissante fable, à la fois parodie de roman policier à la Raymond Chandler et relecture surréaliste de l’histoire argentine.
Les références politiques ou littéraires, judicieusement relevées à la fin du livre, n’entravent pas l’amusement ébahi devant ce récit fantasque, aussi bien dans le fond que dans la forme. Animée par un comique absurde et des jets d’encre noire provoquant des hallucinations, l’intrigue prend forme tel un rêve éveillé, une satire mystérieuse au charme grinçant.
Jorge Luis Borges, inspecteur de volailles de Lucas Nine (Les Rêveurs), 168 p., 25 €
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