L’auteur anglais mêle différentes formes de récit pour raconter six trajectoires de vie dans un quartier depuis longtemps abandonné par les politiques.
À Ironopolis, Jean, atteinte d’un cancer en phase terminale, écrit de longues lettres à un critique d’art. Ce dernier lui demande de lui parler de son amie d’enfance Una, devenue une peintre célèbre. Mais rapidement, Jean dévie et commence à lui raconter sa vie : son fils introverti, son mari violent, ses secrets et la présence fantomatique, dans sa vie et celle d’Una, de Peg Powler, inquiétante figure folklorique anglaise vivant dans les rivières. Cette correspondance pose la première pièce du puzzle complexe d’Ironopolis.
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Tout au long des cinq cents pages du roman, l’auteur mêle, sans jamais nous perdre, différents styles et formes (journal intime, récit personnel, enquête…) pour raconter l’histoire de six des habitant·es de la ville fictive éponyme. Fictive mais très inspirée du nord de l’Angleterre et des quartiers ouvriers laissés à l’abandon par les gouvernements successifs suite au déclin des grandes industries et à la fermeture des mines. Le genre de quartiers dans lesquels Glen James Brown a lui-même grandi et qu’il voulait raconter.
Violence et tendresse
Malgré la violence des situations décrites, il se dégage d’Ironopolis une tendresse aussi étrange qu’attachante, et une compréhension profonde de ses personnages, de leurs mensonges, de leurs regrets, de la construction de leur masculinité et de leur lâcher-prise. La structure par tableaux permet dans un même mouvement d’appréhender l’architecture de la ville et la vie de celles et ceux qui l’habitent – sans jamais, et c’est la grande réussite du livre, réduire leur précarité à un stéréotype.
Glen James Brown rend hommage au passé de son pays en invoquant Peg Powler, les premières raves des années 1980, l’acid house ou Kate Bush, tout en renouvelant profondément l’imaginaire associé aux régions désolées. Une vraie réussite.
Ironopolis de Glen James Brown (Les Éditions du Typhon), traduit de l’anglais par Claire Charrier, 492 p., 23 €. En librairie le 5 octobre.
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