Le nouveau livre de Luz raconte le monde délirant et joyeux qu’était Charlie Hebdo avant les attentats. Quand une bio sur Cabu rappelle l’artiste polymorphe qu’il était.
Un personnage composé de hachures de traits blancs se déplace sur un fond noir angoissant, passe un digicode, monte des marches puis ouvre une porte. Là, en pleine lumière, l’attendent tous ses amis et anciens collègues, agissant de concert comme liés par un esprit de ruche. Indélébiles s’ouvre sur un rêve récurrent du dessinateur Luz : son arrivée dans les locaux de Charlie Hebdo en pleine effervescence.
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L’onirisme inquiétant de cette première scène laisse cependant place à une suite de souvenirs bien réels et joyeux. Dans Catharsis, l’auteur racontait comment il a tenté de se reconstruire après les attentats de 2015 ayant touché l’équipe de l’hebdomadaire satirique.
L’arrivé de Luz à Paris en « puceau provincial »
Cette fois-ci, il explique comment il s’est construit grâce à cette même équipe. Son arrivée à Paris en « puceau provincial », sa rencontre magique avec Cabu, les blagues de Charb, la bienveillance de Gébé… Il égrène les souvenirs avec un peu de mélancolie mais surtout la volonté de redonner vie aux disparus.
Cette immersion dans l’histoire cachée du journal montre quel monde délirant constituait cette vie de bureau. D’un reportage en banlieue qui aurait pu mal tourner à une dédicace très étrange à la Fête de l’Humanité, Indélébiles collectionne les anecdotes gaies et incroyables.
Cabu a tout dessiné ou presque
C’est aussi une déclaration d’amour au dessin qui s’exprime parfois avec une violence graphique – la manif qui tourne mal – mais le plus souvent avec beaucoup de tendresse dans le trait, en particulier pour Cabu, héros, mentor et ami.
En parallèle, Jean-Luc Porquet signe, lui, une biographie illustrée contenant 400 images, qui rappelle quel artiste polymorphe Cabu a été. S’il a créé un archétype tel que le Grand Duduche ou connu la gloire télévisée avec l’animatrice Dorothée, on ne peut réduire sa carrière à ces reliefs.
En plus d’un demi-siècle, Cabu, gros travailleur au bureau toujours très encombré, a tout dessiné ou presque : Gainsbourg, la rafle du Vél d’Hiv’, le procès Ben Barka, des strips autobiographiques, Jacques Tati… Comme Indélébiles, un vivifiant hommage à l’art du dessin. Vincent Brunner
Indélébiles de Luz (Futuropolis), 320 p., 24 €
Cabu, une vie de dessinateur de Jean-Luc Porquet (Gallimard), 384 p., 39 €
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