La rentrée littéraire approche (si, si) et le critique littéraire commence à recevoir les programmes des maisons d’édition annonçant leurs parutions d’août et septembre. Avant de se plonger dans les livres, s’il a la faiblesse de lire les argumentaires de présentation de ceux-ci, il tombera sur une perle : la présentation du prochain roman de […]
La rentrée littéraire approche (si, si) et le critique littéraire commence à recevoir les programmes des maisons d’édition annonçant leurs parutions d’août et septembre. Avant de se plonger dans les livres, s’il a la faiblesse de lire les argumentaires de présentation de ceux-ci, il tombera sur une perle : la présentation du prochain roman de Christine Angot, Une semaine de vacances, chez Flammarion. Un argumentaire en forme de parodie de la critique littéraire et de ses petites phrases toutes faites : « Un court roman, une audace à couper le souffle, un morceau de littérature dont on ne sort pas indemne. Jamais Angot n’a été si aiguë ni si bouleversante. » Hilarant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pour un peu, on se dirait que c’est Angot herself qui se moque avec malice de nous autres, les critiques. Et qu’elle n’a pas tort. Tout bon critique devrait savoir qu’il faut bannir certaines formules toutes faites et autres lieux communs du jargon journalistique, comme le mot « incontournable » par exemple, qu’on s’est interdit depuis 1987. Mais, plus drôle encore, l’argumentaire-gag du nouveau Angot pourrait bien avoir été écrit par un éditeur pervers qui en a plus que son compte de devoir accoucher chaque année d’argumentaires en forme de défenses hypocrites et convenues pour chaque livre.
Car il faut bien avouer qu’une certaine lassitude amusée nous tombe dessus à lire argus comme quatrièmes de couve. Et qu’on n’en peut plus des poncifs du genre : « une écriture réinventée dans une langue hors du commun » ; « un chant d’amour, un cri déchirant, une petite musique inégalée » ; « c’est l’histoire d’un couple qui frôle la rupture mais se retrouvera » ; « un grand livre porté par l’espoir qui bouleverse en profondeur » ; « dans une langue ciselée »... Vite, passez-nous les livres, ils valent généralement mieux que le marketing qui les accompagne.
{"type":"Banniere-Basse"}