C’est l’été et avec un peu de chance, vous avez des vacances. Voilà une sélection de cinq comic-books dans des genres bien différents les uns des autres, entre intrigues politiques, lutte contre le patriarcat, pouvoirs sexuels et combats contre des démons.
Sex Criminals, par Matt Fraction et Chip Zdarsky
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Quand on parle de super pouvoir, il est souvent question de voler, de force surhumaine ou de lancer des lasers avec ses yeux. Moins de pouvoirs liés au sexe. Matt Fraction, auteur aussi talentueux que drôle, et Chip Zdarsky, dessinateur aussi fou que doué (il faut visiter son compte twitter), proposent le postulat suivant : lorsque ces gens ont des rapports sexuels, le temps s’arrête autour d’eux au moment de l’orgasme.
Extrait du premier volume de Sex Criminals, dessin de Chip Zdarsky, scénario de Matt Fraction – Image Comics
Nos héros, une jeune femme et un jeune homme, qui ont tous deux la même capacité, sautent sur l’occasion et utilisent ce pouvoir pour braquer des banques. Mais la situation dégénère et ils sont très rapidement dépassés. Une série, qui ne tombe jamais dans la vulgarité malgré le pitch de départ, à lire autant pour les idées parfois absurdes mais réjouissantes de Mat Fraction que pour les dessins de Chip Zdarsky. Trois tomes sont disponibles en français chez Glénat et en anglais chez Image Comics. Un recueil des conseils sexuels, souvent très absurdes et pince-sans-rire, qui apparaissent dans les numéros de la série, est disponible, mais uniquement en version originale.
Bitch Planet, par Kelly Sue Deconnick et Valentine De Landro
Le postulat de Bitch Planet pourrait être résumé avec la phrase suivante : « Un film de prison de femme des années 80 mais en bande dessinée et avec du féminisme« . Si cela peut sembler surréaliste, il s’agit en réalité d’une excellente bande dessinée, avec à la baguette Kelly Sue Deconnick, qui s’est chargée chez Marvel de reprendre Captain Marvel. Dans un futur très proche, toutes les femmes ne répondant pas à certains critères (plastiques, mentaux, idéologiques) sont envoyées sur une planète prison après avoir été marquées, comme des bêtes.
Couverture du premier volume en anglais de Bitch Planet – Image Comics
L’histoire est avant tout d’une métaphore filée qui tacle le sexisme de la société et tous les travers qui y sont liés. Les personnages, divers dans leurs origines, le background qui leur est donné ainsi que la façon dont ils sont représentés, sont particulièrement bien écrits. Les dessins de Valentine De Landro participent à la création d’une atmosphère inquiétant et oppressante, parfaitement raccord avec ce récit en milieu carcéral sombre, tendu et rythmé. La version en anglais est disponible chez Image Comics et la traduction en français chez Glénat. Pour le moment, un seul volume relié a été publié des deux côtés de l’Atlantique. La série atteindra les dix numéros en septembre.
Dangerous Habits (tiré de Hellblazer) par Garth Ennis et Will Simpson
Pendant que vous serez au soleil, à la plage, à la montagne ou à la ville, lui doit lutter contre des démons sous la pluie anglaise. John Constantine, l’expert britannique en sciences occultes imaginé par Alan Moore dans les années 80 comme un sosie mystique de Sting, a eu une vie très fournie. Ses aventures ont été déclinées sur plus de 300 numéros, toutes séries comprises et il serait trop long de tout lire. C’est pour ça que l’on vous recommande l’histoire intitulée Dangerous Habits, écrite par Garth Ennis et dessinée par Will Simpson.
Planche issue du numéro 45 de Hellblazer, cinquième partie de l’arc « Dangerous Habits », dessiné par Will Simpson et scénarisé par Garth Ennis – DC/Vertigo
L’antihéros, gigantesque fumeur, doit y affronter son pire ennemi : le cancer. Voyant ses jours comptés, il se tourne vers le arts sombres pour trouver un remède. Adapté en partie dans le film Constantine (auquel il faut redonner sa chance) avec Keanu Reeves, le récit prend une dimension tout autre dans son média original. Il n’est pas nécessaire de bien connaître l’univers du personnage au préalable, ce qui en fait un très bon point d’entrée. L’arc narratif est publié dans le cinquième recueil de la série en langue anglaise sous le titre Dangerous Habits et dans le premier volume de Garth Ennis présente Hellblazer publié par l’éditeur français Urban Comics, la suite étant tout aussi bonne. Un peu de grisaille britannique ne vous fera pas de mal avec cette chaleur.
Miss Marvel, par G. Willow Wilson et Adrian Alphona
Marvel essaie depuis quelques années de diversifier ses personnages. Plutôt que d’en créer de nouveaux à proprement parler, elle transforme ceux qui existent déjà. Ainsi en 2012, Carole Danvers laisse son body noir, son foulard rouge et son masque de Miss Marvel pour devenir Captain Marvel. En février 2014, c’est une jeune habitante du New Jersey, Kamala Khan, qui reprend son alias dans une nouvelle série. Il aurait pu s’agir d’une transmission de pouvoir quelconque, à un détail près : Kamala est d’origine pakistanaise et musulmane, une première pour la maison d’édition.
Kamala et son amie Naika face à des relous du lycée. Planche issue du premier numéro de Miss Marvel écrit par G. Willow Wilson et dessiné par Adrian Alphona – Marvel
G. Willow Wilson, l’auteure de la série, donne vie à un personnage issu du pur canon Marvel, quelqu’un qui ne sait pas quelle est sa place dans la société, est rejeté par un peu tout le monde et ne sait pas quoi faire des pouvoirs qui viennent de lui tomber sur le nez. En ce sens, Kamala est un peu le Peter Parker 2.0. Elle ne s’entend pas avec sa famille, assez traditionnelle mais est en même temps rejetée par une partie des gens de son école. Une série joyeuse, drôle, qui met en lumière le quotidien des musulmans aux Etats-Unis et propose un nouveau canon des histories de super-héros adolescents en plein questionnement. Trois recueils ont été publiés par Panini en France, contre cinq aux Etats-Unis.
Ex-Machina, par Brian K. Vaughan et Tonny Harris
Que ce serait-il passé si l’une des tours jumelles avait été sauvée durant les attaques du 11 septembre 2001 ? Et si l’homme qui avait empêché le deuxième avion de s’écraser s’était présenté à l’élection municipale de New York par la suite, prenant la succession de Rudolph Giuliani ? Ex-machina, scénarisé par Brian K. Vaughan (Y The Last Man, Saga) et dessiné par Tonny Harris (Starman) explore le parcours de MItchell Hundred, ingénieur civil doté d’un pouvoir étrange : il peut parler aux machines et les commander. Devenu maire indépendant de New York, il devra faire des choix importants.
Couverture du numéro 41 de Ex-Machina par Tonny Harris – DC/Wildstorm
La série donne une idée de ce à quoi doit ressembler la gestion d’une métropole comme New York et décrit les conflits intérieurs, compliqués, que doit gérer le personnage principal. Les thématiques abordées sont nombreuses, de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels à la légalisation du cannabis et la peine de mort. En plus de tout ça, Mitchell Hundred, alias The great Machine, doit faire face à des fantômes issus de son passé de super-héros.
On peut y voir une critique du système politique bi-partisan des Etats-Unis, des ambitions personnelles et des mensonges ainsi que de la soif du pouvoir aux Etats-Unis. De quoi se mettre en jambe et éventuellement de voir la politique américaine d’un autre œil avant l’élection présidentielle de novembre. L’intégralité de la série est disponible chez Dc Comics pour la version originale (en anglais), tandis que Urban Comics a publié quatre recueils en français. Le cinquième et dernier paraîtra le 19 août.
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