Cinématographique, la peinture d’Edward Hopper ? Elle est pourtant omniprésente dans les rayons des librairies.
L’exposition consacrée à Edward Hopper au Grand Palais vient de fermer ses portes mais la visite continue ailleurs, par exemple dans les librairies, sur les couvertures des livres – une pure exposition « à livre ouvert ». Le catalogue de Hopper s’expose à la surface des romans, qui rendent à son geste pictural tout ce que les mots des écrivains lui doivent : une mise en forme plastique de leurs propres émois. Il y a entre les peintures de Hopper et les écrivains une affinité élective qui pourrait donner, par son effet d’accumulation, l’impression d’une forme de conformisme de la part des éditeurs.Se contenter d’un motif hopperien peut ainsi sembler un peu facile, comme si la beauté classique de ses toiles suffisait à exciter la curiosité des lecteurs.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais cette vogue suggère surtout que le monde de l’écriture trouve dans ses motifs picturaux sa plus juste allégorie. Des grands romanciers américains – Carver, Brautigan, Lurie, Bellow, Steinbeck… – aux classiques français – Camus, Claudel -, sans parler des auteurs d’aujourd’hui – Philippe Besson, Joël Dicker, Michaël Foessel… -, les auteurs y trouvent leur compte. Ou leur conte. Parce que Hopper, plus qu’un peintre hanté par les images de cinéma (hanté en retour par lui) comme on le dit souvent, est d’abord un peintre « littéraire » : ses images sont comme des invitations à écrire. La peinture de Hopper préfigure, éclaire et projette en même temps l’acte d’écrire. Ses situations, ses ambiances, ses personnages, ses thèmes – la solitude, l’attente, le mystère d’une présence-absence, l’intériorité… – nous rappellent que nos vies sont des romans habités de mystères et de lumières désolées.
{"type":"Banniere-Basse"}