De 1989 à 1991, Marie NDiaye était pensionnaire de la Villa Médicis avec son mari l’écrivain Jean-Yves Cendrey au moment où Hervé Guibert et Mathieu Lindon s’y trouvaient. Elle se souvient.
“A la Villa, je n’ai pas énormément fréquenté Hervé mais il y a un moment que je me rappelle avec acuité – celui où nous avons appris qu’il était malade et que, lorsque nous le reverrions à son retour de Paris, nous n’aurions plus devant nous ce garçon spectaculairement beau (dans sa sveltesse aussi, qui n’était pas encore la grande maigreur de la suite) mais un homme qui allait mourir et qui le savait, et ce ne serait pas dans longtemps, à cette époque on n’avait aucun espoir là-dessus.
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J’avais 22 ans, j’avais peur de le revoir – que dire à un homme condamné ? Et puis Mathieu et lui sont rentrés et toute angoisse a disparu, ils étaient aussi ‘déconnants’ que d’habitude, Hervé aussi intéressé par les petites histoires de la Villa et blagueur et moqueur.
La seule différence est qu’il quittait les soirées plus tôt et que Mathieu lui emboîtait le pas, il s’occupait d’Hervé avec une grande tendresse, il ne le laissait que lorsque Hervé devait se reposer. Cela m’avait beaucoup frappée, donc, parce que j’étais très jeune et que je n’avais pas imaginé qu’on puisse être à la fois mourant et léger, mourant et rieur, et ce n’était pas qu’une élégance de sa part, je pense.”
Nouveau roman La vengeance m’appartient (Gallimard)
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