On a retrouvé la « génération perdue » : une série d’articles inédits de Fitzgerald viennent de sortir dans et en mai paraîtra une nouvelle version augmentée de d’Hemingway.
Les deux « égotistes romantiques » sont de retour cette année en France, où ils ont passé une partie de leur jeunesse, entre Paris et la Riviera – où ils sont devenus amis. Mort en décembre 1940, Francis Scott Fitzgerald est tombé dans le domaine public fin 2010, d’où nouvelles traductions et inédits.
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Cinquante ans après le suicide d’Ernest Hemingway, paraîtra en mai chez Gallimard une nouvelle traduction de son Paris est une fête (laissé inachevé par l’écrivain mort en 1961, publié à titre posthume en 1964), augmenté de huit vignettes inédites. Paris est une fête se compose d’une suite de courts récits racontant la vie d’Hemingway, avec sa femme Hadley, à Paris à la fin des années 1910 et au début des années 1920, et ces vignettes les complètent.
Des micro-faits de leur quotidien
Pour quiconque aimerait, adorerait, vouerait un culte aux deux chefs de file de « la génération perdue », à leur romanesque mêlé de gin, de glamour et d’aventures, le terme « inédit » a des allures d’eldorado. Or ces inédits ne changeront pas la face des deux oeuvres – ni celle de notre vie – mais apportent un complément quasi documentaire à notre connaissance de la vie de chacun.
On attendra d’être en mai pour déflorer le mystère des vignettes inédites d’Hemingway. Mais ce qui est intéressant, c’est que ces deux auteurs de très amples romans auront aimé consigner les micro-faits de leur quotidien, des verres qu’ils boivent aux restaurants où ils dînent et aux dépenses qu’ils font – l’argent est, chez chacun, très présent.
On découvre un Fitzgerald frivole, voire ennuyeux
Un livre à soi, dont le titre fait joliment écho à Une chambre à soi de Virginia Woolf, se compose des articles qu’écrivit Scott Fitzgerald, quand il ne parvenait pas à publier ou que ses romans ne se vendaient pas (ce qui arrivait souvent). Détail important : Fitzgerald voulait faire paraître ce livre de son vivant, mais jamais publié alors, le voici enfin entre nos mains. Il souhaitait rassembler dix-huit textes, en voici une quarantaine, dont une majorité d’inédits en français.
On y découvre avec étonnement, voire parfois un soupçon de déception, un Fitzgerald hyperquotidien, limite frivole, même un brin ennuyeux, bien loin du romantisme maudit qu’on lui prête, très préoccupé de ses comptes et du « budget » de son « ménage » avec Zelda (lire « Comment vivre avec 36 000 dollars par an »). Il faut attendre la fin du recueil pour retrouver une certaine mélancolie fitzgeraldienne, une petite musique désabusée, un fatalisme distillé à la légèreté. Lire « Succès précoce », autour de la sortie de son premier roman, L’Envers du paradis (le remaniement de The Romantic Egotist, qui avait été d’abord refusé…).
« Aucune carrière respectable n’a jamais été fondée sur un public et on apprenait à avancer sans prédécesseurs et sans peur. »
C’est peut-être cette impression d’être, en tant qu’écrivains, seuls à faire du trapèze sans filet, que l’on retrouve en relisant Paris est une fête. Dans ces courts textes à la fois anecdotiques et profonds – où l’on croise l’extraordinaire présence de Gertrude Stein, mais aussi Picasso, Pascin, Ezra Pound, et bien sûr Fitzgerald (dans un voyage à hurler de rire avec Hemingway) décrit comme un attachant mais aussi pénible maniaco-dépressif tendance hypocondriaque – le quotidien, cette suite de jours qui forment la vie, s’écrit sur la même mélodie douce-amère.
« Nous avons toujours de la chance, dis-je (Hemingway à sa femme Hadley – ndlr), et comme un imbécile je ne touchai pas de bois. Et dire qu’il y avait partout du bois à toucher dans cet appartement. »
Nelly Kaprièlian
Un livre à soi de Francis Scott Fitzgerald (Les Belles Lettres) traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Guglielmina, 317 pages, 13,50 euros Paris est une fête d’Ernest Hemingway, à paraître début mai, retraduit et augmenté (Gallimard)
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