À 31 ans, l’écrivain d’origine sénégalaise est le 109e homme à recevoir le Goncourt, pour seulement 11 femmes depuis plus d’un siècle.
Le suspense s’est rompu le week-end dernier quand Didier Decoin, président du Goncourt, a déclaré qu’un livre ne devrait pas recevoir deux prix littéraires – exit donc Christine Angot. Dommage, car elle aurait été la douzième femme à recevoir le Goncourt dans toute l’histoire du prix. En effet, il faut noter que depuis sa création en 1903, le prix n’a récompensé que onze femmes – mais 108 hommes. Sarr est le 109e. Elsa Triolet est la première femme à recevoir le prix en 1944 (pour Le premier accroc coûte 200 francs), suivront Béatrix Beck (1952), Simone de Beauvoir (1954), Anna Langfus (1962)…
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Ces dernières dix années, seulement deux écrivaines l’ont reçu (Lydie Sylvaire et Leïla Slimani). L’Académie Goncourt, une institution misogyne ? Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont les chiffres.
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Ce que nous avons pensé de La plus sécrète mémoire des hommes :
Si a priori nous aurions pu nous réjouir qu’un auteur aussi jeune obtienne un prix aussi prestigieux, il n’empêche que le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, La plus secrète mémoire des hommes, ne nous a pas convaincu.
Sarr met en scène Diégane Latyr Faye, un jeune Sénégalais wanabe écrivain, dans la diaspora africaine de Paris en 2018, fasciné par un mystérieux écrivain africain ayant écrit un livre définitif en 1938, Le Labyrinthe de l’inhumain (ce titre…). La quête de détails biographiques concernant l’auteur de cette œuvre inouïe (on insiste), sorte de pierre philosophale ou de Saint-Graal littéraire (on va y venir), va l’entraîner de l’Afrique à l’Argentine pour mieux se retrouver confronté à l’histoire, de la Shoah à la colonisation.
Et pourquoi pas ? D’ailleurs, il ne se retrouverait pas sur la shortlist du prix Goncourt à moins. En conférant au Labyrinthe de l’inhumain des pouvoirs de révélation et de fascination quasi-magiques, la vision trop naïve ou trop romantique que Sarr donne de la littérature fait douter du sérieux de tout le reste. “À quelle encre s’écrit le livre dont l’absence forme la prétention ?”. Va savoir… En attendant de trouver la réponse, on se permettra de lui rappeler ce qu’un personnage dit à un moment au jeune Diégane Latyr Faye: “Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien (…)”. Hélas, le sien est trop bavard.
Mohamed Mbougar Sarr, La plus sécrète mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan).
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