L’auteur donne voix à un octogénaire dans un roman désespéré qui analyse les renoncements de notre époque, vingt ans plus tard.
Ils et elles étaient quatre nouveaux retraité·es en 2020 lorsque a débuté leur colocation. Ces sexagénaires aimaient l’amitié, les idéaux politiques de leur jeunesse, la culture et les bons repas. Vingt ans plus tard ces octogénaires bravement vaillant·es – “tant qu’on est là, tout est possible” – sont conscient·es que leur temps est désormais compté.
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Le narrateur est l’un des colocataires qui tient le journal de leurs dernières saisons à vivre. François Cusset réussit à évoquer les corps vieillissants et les débuts de démence sénile sans être caricatural. Ce qui n’empêche pas l’humour, son narrateur faisant preuve d’une salutaire autodérision. Mais le rythme s’accélère à mesure que les jours passent, le propos devient très noir alors que la peur de la mort grandit.
Autour d’eux, le chaos menace
Historien des idées, l’auteur d’À l’abri du déclin du monde (2012) – récit d’une nuit d’émeute dans Paris –choisit d’aborder son sujet sous un prisme politique. Observant les conséquences des bouleversements sociétaux sur ses personnages, il propose une analyse très fine du statut social de ces intellos appauvri·es par la retraite, et confronte leurs partis pris idéologiques aux éléments de langage qui se sont imposés depuis leur jeunesse. Autour d’eux, le chaos menace. Cusset a écrit un roman d’anticipation où les engagements d’aujourd’hui sont regardés depuis l’avenir. Et l’avenir n’a rien de rassurant.
Finale Fantaisie de François Cusset (P.O.L), 272 p., 19€, en librairie le 3 mars.
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