Avec la sortie simultanée du roman “Samouraï” et du roman-photo “Guacamole Vaudou”, cosigné avec Éric Judor, l’auteur français rappelle qu’au niveau de l’humour absurde, il reste imbattable.
Qu’elles prennent la forme de romans avec ou sans images, résumer en quelques lignes les fictions de Fab(rice) Caro est un exercice souvent décevant. Face à l’apparente ineptie de ses intrigues, n’importe quelle personne dotée d’un minimum d’esprit de synthèse se trouve impuissante, réduite à aligner des banalités, tout en ayant la certitude de passer à côté de l’essentiel.
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Le chroniqueur des malaises contemporains
Prenez Samouraï et Alan, son écrivain paumé. Redevenu célibataire contre son gré, il tente d’écrire le roman qui va changer sa carrière et faire revenir l’être aimé, tout en surveillant d’un œil la piscine des voisins et en pleurant la mort d’un ami d’enfance. Alan possède indéniablement un air de famille avec Adrien et Axel, les protagonistes respectifs de deux précédents romans de Fabrice Caro, Le Discours et Broadway. Avec eux, les événements anodins prennent la dimension de défis insurmontables, menaçant d’ouvrir sous leurs pieds des puits sans fond. Ses personnages d’inadaptés sociaux, alter-egos à peine cachés de leur créateur, souffrent de phobies burlesques comme celle dont souffre Alan d’être appelé à monter sur scène au cours d’un spectacle.
Si Caro a du mal à finir ses romans de manière totalement satisfaisante, le cœur de Samouraï réside de toute façon dans son sens de la formule drolatique et son don pour surfer sur les angoisses et névroses contemporaines. Imbattable quand il s’agit de croquer notre époque en pointant d’un doigt vengeur ses absurdités, Fabcaro a trouvé ces dernières années de plus en plus d’alliés. Il y a, par exemple, Nicolas et Bruno (les vidéos Message à caractère informatif) qui ont adapté sa BD Zaï Zaï Zaï Zaï en une “lecture publique” spectaculaire, ou le comédien-réalisateur Éric Judor.
Une collaboration évidente
Que ce dernier croise le chemin de l’auteur de BD tient de la logique. Pour Guacamole Vaudou, ils forment un duo dingo et s’emparent avec bonheur du genre désuet du roman-photo, aidés par Nathalie Fiszman qui l’a réalisé. Cette fois, c’est la veine de dialoguiste de Fabcaro, celle qui rend ses bandes dessinées aussi hilarantes, qui prend le pouvoir. Là encore, il s’agit de mettre en scène un loser, le publicitaire Stéphane Chabert (joué par Éric Judor) dont la triste existence est bouleversée par un stage de vaudou. Mais, cette fois, l’humour vient aussi de la manière avec laquelle les personnages prennent vie en étant interprétés par Judor, et les 48 comédiens sollicités (dont Alison Wheeler, Arthur H, Nicolas & Bruno ou Elisabeth Quin). Avec beaucoup de perruques et de mimiques outrées, cette troupe de guests finit par se fondre dans l’univers de Fabcaro, bien aidée par le travail plastique de Nathalie Fiszman qui jongle avec les textures et les copiés-collés.
Samouraï de Fabrice Caro (Sygne/Gallimard), 224 p., 18 € en librairie.
Guacamole Vaudou d’Éric Judor et Fabcaro (Seuil) 80 p., 18,50 €, en librairie.
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