Les éditions Delcourt partagent les deux premiers tomes d’un brûlot en noir et blanc du plus punk des auteurs de manga. Où la génération Z se révolte contre l’ordre établi.
Dans un pays indéfini, des talibans ont pris possession d’un village. Une adolescente, Amal, après avoir tenté de se suicider, revient à la vie juste pour voir les extrémistes tenter de la violer. Elle fait alors exploser une à une les têtes de ses agresseurs, découvrant par là même qu’elle est dotée d’un pouvoir plutôt utile en situation de crise.
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Bienvenue dans Evol, la nouvelle série du mangaka Atsushi Kaneko, dont le noir et blanc se révèle aussi radical que ses récits, de plus en plus nihilistes. Non, Evol n’a rien d’une histoire de super-héros·oïnes ordinaires rendant une justice immanente.
Il y a certes Lightning Bolt et Thunder Girl, sortes de shérifs costumé·es, mais ce duo, totalement assujetti au pouvoir, obéit à des politiciens véreux. Les véritables protagonistes du premier tome, ce sont Nozomi, Akari et Sakura, qui échouent dans le même hôpital psychiatrique après avoir attenté à leur vie. Pour une raison qu’on apprendra plus tard, il et elles ont reçu un don… le jour de leur tentative de suicide.
L’ennemie publique numéro un
Après Search and Destroy, relecture punk rock du Dororo de Tezuka, Kaneko (auteur également de Wet Moon, Soil ou Bambi, actuellement réédité par les éditions Imho) continue de battre le fer d’une narration jusqu’au-boutiste. Réalisant des gros plans sur les parties des corps de ses personnages, il découpe ses planches au scalpel pour mieux faire ressentir le malaise et le désespoir d’une génération sacrifiée, prête à tout pour exister, quitte à incarner l’ennemie publique numéro un.
“C’est quoi ce monde ?”, s’interroge Nozomi, alors que Kaneko charge ses pages de symboles
Le format d’Evol, plus grand que celui d’un manga classique, permet de mieux apprécier sa mise en page fluide et spectaculaire – digne du Frank Miller de Sin City –, ainsi que son message sombre. “C’est quoi ce monde ?”, s’interroge Nozomi, alors que Kaneko charge ses pages de symboles, représentant des people écervelé·es sablant le champagne à côté d’enfants souffrant de malnutrition.
Brûlot anticapitaliste lancé à la face de la société de consommation et des démocraties malades, Evol mêle pure action et sous-texte politique avec l’énergie d’un groupe hardcore – A Hell on Earth des Anglais de Discharge fait office de bande-son rugueuse.
Evol t.1 et t.2 d’Atsushi Kaneko (Delcourt), traduit du japonais par Sébastien Ludmann, 272 p. et 304 p., 19,99 € chacun. En librairie.
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