Ce qu’on aime chez Eve Babitz, c’est sa liberté de ton qui reflète sa liberté face à la vie (dont sa liberté sexuelle), son sens de l’humour, sa façon de ne jamais se plaindre, de n’être jamais dans le pathos, de ne pas sombrer dans le sentimentalisme. Si la prose de Babitz a ouvert la voie à d’autres femmes, c’est à travers son refus de s’enfermer dans deux rôles auxquels on les réduit toujours : être victime, ou mettre l’amour au centre de sa vie.
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Pourtant, ce qui frappe en faisant des recherches sur l’écrivaine, c’est à quel point ses amants célèbres sont mis en avant à longueur d’articles. Jim Morrison, Steve Martin, Harrison Ford, Ed Ruscha… deviennent comme les lettres de noblesse de cette femme affranchie de toutes les conventions, sauf justement de celle-ci : être définie aux yeux des autres par un amant, un mari ou un père (ou même un parrain : Stravinsky dans son cas).
Prendre de la valeur à travers la valeur des hommes qui daignent.. coucher avec vous ? Même quand on parle de son accident, on mentionne que la voiture dans laquelle elle se trouvait lui avait été offerte par Steve Martin, comme pour dire qu’elle doit être une femme vraiment incroyable si une star se fend d’un gros chèque pour elle. Comme si le prestige de ses amants déteignait sur elle. Comme si elle en avait besoin pour exister.
Eve à Hollywood (Seuil), traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Jakuta Alikavazovic, 336 p., 22,50 €
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