Depuis la nuit des temps, l’homme cherche à comprendre d’où il vient. Pour le physicien Etienne Klein, à l’encontre des théories dominantes actuelles, le début de tout reste une énigme absolue.
Parce que nous sommes des « animaux métaphysiques », la question de l’origine de l’univers se pose fébrilement à nous. Des frères Bogdanoff aux cosmologistes les plus sérieux, nombreux sont ceux qui veulent résoudre l’énigme du début, problème sans fin.
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Grand physicien français, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique, mais aussi philosophe des sciences, Etienne Klein tente de comprendre dans son Discours sur l’origine de l’univers les raisons de cette obsession ancestrale, comprise autant comme un mirage absurde que comme un pari scientifique ultime.
D’où vient l’univers ? Et d’où vient qu’il y a un univers ? Existera-t-il une théorie scienti-fique unique capable de décrire, par un jeu d’équations mathématiques, l’ensemble des forces qui structurent l’univers ? Sommes-nous seulement certains que l’univers a eu un commencement?…
Derrière toutes les questions que soulève l’auteur, se cache la posture ambiguë de chercheurs prétendant révéler le secret de l’origine du monde, qui échappait même au peintre Courbet.
Klein prend acte de l’existence d’un « grand récit de l’univers ». Aidés par les astrophysiciens, les physiciens des particules et les physiciens nucléaires, les cosmologistes sont récemment parvenus à reconstituer les 13,7 milliards d’années de l’histoire de l’univers.
La fameuse théorie sur le big-bang qui désigne la création du monde, le fiat lux originel, l’instant zéro, fut un coup de théâtre épistémologique. Certains espèrent même franchir le mur de Planck, qui trace la limite du temps entre l’avant et l’après-big-bang.
Or, dans une magistrale réflexion, nourrie à la fois des connaissances physiques les plus pointues et des réflexions philosophiques sur les sciences et le langage, Etienne Klein vient semer un peu de désordre dans un champ de connaissances complexe.
« Penser le commencement du monde revient à penser son absence et à penser comment son absence a pu se transmuter en présence », souligne Klein.
Savoir que l’univers a 13,7 milliards d’années ne suffit pas à dire d’où vient l’univers, ni même qu’il a eu un commencement. « Personne n’est en mesure de démontrer scientifiquement qu’il a eu une origine ‘originelle’ et personne n’est non plus capable de démontrer scientifiquement qu’il n’en a pas eu. »
L’alternative qu’il pose se formule ainsi : soit l’univers a eu une origine, et dans ce cas, il a été précédé par le néant, par une absence totale d’être ; soit l’univers n’a pas eu d’origine et dans ce cas, il y a toujours eu de l’être, jamais de néant, et la question de l’origine de l’univers ne se pose plus.
La grande question physique devient donc une énigme métaphysique : pourquoi l’être plutôt que rien ? Comme l’écrivait le philosophe Wittgenstein, auquel le physicien fait souvent référence, « toutes les données de la science ne suffisent pas à comprendre le sens du monde », Klein insiste : « Une théorie du tout ne suffit pas pour faire un monde », et puisque le langage conduit à une impasse, nous sommes incapables de décrire un changement qui concerne le néant. Les Bogdanoff peuvent se calmer et dormir tranquilles.
Discours sur l’origine de l’univers d’Etienne Klein, Flammarion/NBS), 181 pages, 17 ?
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