Roz Chast s’immisce dans le quotidien de ses parents âgés pour leur venir en aide. Un récit teinté d’ironie.
Joyce Farmer, figure de la BD underground féministe des seventies s’était risquée il y a quelques années à aborder le sujet de la vieillesse et de la dépendance, avec le touchant Vers la sortie. Aujourd’hui, c’est une dessinatrice phare du New Yorker, Roz Chast, qui se lance sur le sujet dans ce livre autobiographique.
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Les parents de Roz Chast ont eu la chance de pouvoir rester chez eux jusqu’à plus de 90 ans avant d’intégrer ensemble une maison de retraite. Ils sont morts à deux ans d’intervalle.
Recul et honnêteté
L’auteur revient sur leurs dernières années en appartement, les débuts de la dépendance, la douloureuse décision de rejoindre une résidence spécialisée, les difficultés administratives et financières, les maladies, la démence de son père et, en filigrane, évoque leur jeunesse et leur vie d’adulte.
Surtout, Roz Chast raconte comment, en tant que fille unique, elle a vécu ces années compliquées. Elle fait preuve de beaucoup de recul et d’honnêteté, décrivant la situation sans complaisance ni apitoiement.
Moments de découragement, d’impatience et d’exaspération
Tiraillée entre son devoir filial, ses sentiments complexes envers ses parents, et sa volonté de continuer à mener sa propre vie, Roz Chast fait le point sur son implication, l’aide qu’elle leur a apportée, mais aussi ses moments de découragement, d’impatience et d’exaspération face à leurs comportements irrationnels et pénibles. Des instants toujours suivis d’une grande culpabilité, d’autant que survient toujours la peur de ne pas en faire assez.
Obsessions irritantes
A côté de passages de texte illustrés, Roz Chast a recours au strip, une forme idéale pour dédramatiser, pour dépeindre le quotidien. Avec beaucoup d’humour et de tendresse teintée d’ironie, elle croque la maniaquerie de ses parents, leurs routines indéboulonnables, leurs peurs infondées, leurs remarques et leurs obsessions irritantes – ils sont par exemple les champions des petites économies, ne jetant absolument rien et surveillant sans cesse leurs livrets d’épargne bien cachés au fond d’armoires.
Elle sourit aussi de son propre comportement, entre impuissance et agacement. Grâce à sa verve pétillante, son esprit et sa profonde humanité, elle rend drôles, et plus faciles à accepter, des situations très dures. Un témoignage réconfortant pour mieux supporter ces moments d’une tristesse infinie.
Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? (Gallimard), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alice Marchand, 236 pages, 25 €
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