Dans l’Allemagne nazie d’avant-guerre, « Vater und Sohn », une série qui s’engageait sous ses abords polis.
Faire de la caricature politique en Allemagne, après 1933, quand on était antinazi, signifiait soit l’exil, soit la mise en veille de ses convictions. Le dessinateur Erich Ohser a choisi la deuxième solution, sans pour autant renoncer à ses opinions.
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Entre 1934 et 1937, il connaît la célébrité sous le nom de E.O. Plauen avec la série de strips muets Vater und Sohn, mésaventures comiques d’un père et de son fils. Mais malgré ses gags bon enfant et son dessin qui rappelle Calvin et Hobbs, cette série est plus irrévérencieuse qu’elle n’en a l’air.
Empreinte de modernité
Une touffe noire en bataille sur la tête, prêt à désobéir et à inventer des coups pendables, le petit garçon rebelle est loin de l’idéal aryen. Le père, grand enfant toujours prêt à rire, ne résiste jamais à boire une bonne bouteille ou à désobéir à l’autorité.
Sous l’humour, le ton est souvent décalé. Présentée ici en intégralité, cette série touchante reste empreinte de modernité grâce à sa fantaisie absurde et son trait simple. Refusant que ses récits soient récupérés politiquement, Ohser met fin à Vater und Sohn en 1937. En 1944, arrêté par la Gestapo pour critique du régime, il se suicide en prison.
Père et fils (Vater und Sohn) – Intégrale d’Eric Ohser, (Warum), 300 pages, 25 €
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