La saga fleuve, conçue en quelques année, utilise les genres de la science-fiction et du thriller comme tremplins à des réflexions politiques et écologiques.
1er juin 2020, le président de la République, François Fillon, appelle à l’union nationale, un an après l’accident nucléaire sur le site de Tricastin. C’est sur cette image choc que s’ouvre l’ultime tome du Dernier Atlas, trilogie et uchronie conçue avec tellement de soin et de cohérence qu’elle arrive à faire douter, au moins une seconde, de la réalité. Pourtant, comme dans quantité de récits de fin du monde, la problématique consiste à neutraliser une menace extraterrestre – appelée ici Umo.
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Les deux scénaristes, Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval ont, pour l’occasion, puisé dans leur boîte à jouets d’enfants et leurs souvenirs de séries animées japonaises. Pour s’opposer à l’envahisseur, c’est en effet un gigantesque robot de construction française, un Atlas, le seul de son genre à ne pas avoir été démantelé, qui est remis en marche.
Au pur divertissement se mêlent des sentiments plus complexes
Grâce à l’association des dessinateurs Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard – le second contribuant spécialement au design et au découpage –, Le Dernier Atlas donne à voir un spectacle rare, proche d’un blockbuster à la Pacific Rim.
Mais ici, à la joie simple de lire un pur divertissement plein de suspense se mêlent des sentiments plus complexes. Cette série chorale, qui a pour terrain de jeu la France, l’Algérie et l’Inde, relie micro et macro, intrigue planétaire et enjeux intimes, banditisme local et considérations philosophiques.
On suit l’équipage de l’Atlas et Ismaël Tayeb, le truand qui a remis en marche le robot, mais aussi son patron, le caïd Jean Legoff ou la journaliste Françoise Halfort, partie dans une ZAD éduquer sa fille née avec une marque étrange sur le front.
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La performance de l’équipe réunie ici – les quatre auteurs précités plus la coloriste Laurence Croix – ne tient pas seulement au rythme soutenu qu’elle a respecté en bouclant en quelques années une saga de 700 pages. L’exploit consiste à profiter du décalage de la fiction pour relier dans le même ensemble des sujets aussi vastes que l’écologie, la colonisation ou les mutations génétiques sans perdre le rythme d’un thriller qui livre une stimulante matière à réflexion.
Le Dernier Atlas tome 3 de Vehlmann, Bonneval, Tanquerelle, Blanchard et Croix (Dupuis), 256 p., 26 €. En librairie
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