Ce qu’il dit d’elle est magnifique. Dans notre numéro de mai, Édouard Louis rend plus qu’un hommage ému à Annie Ernaux, il construit, à travers son regard sur une œuvre qu’il estime révolutionnaire, un véritable manifeste pour une littérature contemporaine.
Ce qu’il dit d’elle est magnifique. Dans notre numéro de mai, Édouard Louis rend plus qu’un hommage ému à Annie Ernaux, il construit, à travers son regard sur une œuvre qu’il estime révolutionnaire, un véritable manifeste pour une littérature contemporaine. Pour lui, elle est celle qui a refusé de se conformer au cadre “romanesque” établi depuis des décennies voire des siècles : “Annie Ernaux, elle, a fait exploser ce cadre, en affirmant directement ou indirectement que le Beau en littérature n’est pas la figure de style, les personnages, les métaphores, mais par exemple la concision, l’explication sociologique, la politique, etc. – un ensemble de caractéristiques que les gardiens et gardiennes de la conservation en littérature continuent de combattre.” Cette transfuge de classe a donné envie à ce transfuge de classe, né l’année de la publication de Passion simple, “d’agresser la littérature”.
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Je vous invite à lire cet entretien que nous avons réalisé avec Louis parce qu’il pose des questions esthétiques et donc politiques, essentielles. Qu’est-ce que ça veut dire, écrire depuis aujourd’hui sur aujourd’hui ? En quoi la littérature est, ou doit être, un contre-pouvoir ? Comment faire avec le langage, bref, comment écrire pour ne pas aboutir à un livre de plus qui se soumette aux conventions de son temps, à l’hypocrisie sociale comme privée de son époque, qui en somme ne dérangerait surtout rien ni personne ? Dernier extrait de cette interview fleuve : “La littérature est très majoritairement produite et reçue par les classes dominantes, ou en tout cas dominantes dans la possession du capital culturel. Est-ce qu’il n’y a donc pas un intérêt pour ces classes, puisqu’elles sont dominantes, à ne pas trop dévoiler le monde, de garder la littérature dans le chuchotement de l’implicite ? Si on ne parle pas explicitement du monde, il est beaucoup plus dur de le changer.”
Annie Ernaux sera très présente dès début mai avec un nouveau texte, Le Jeune Homme, et un volume des Cahiers de L’Herne qui lui est consacré. Nous y reviendrons dans quelques jours. En attendant de la retrouver à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes à partir du 18 mai pour son film, coréalisé avec son fils David Ernaux, Les Années Super 8, composé de vidéos Super 8 de sa famille.
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