Et si l’identité n’était qu’un leurre ? Pas si simple, démontre Olivia Rosenthal dans son nouveau roman.
Neuf personnages énigmatiques se retrouvent liés par des circonstances exceptionnelles, une forme de fascisme naissant, pour constituer un collectif révolutionnaire dans une grande ville. Ils débattent, s’organisent, sans révéler leur véritable identité. Seulement derrière les pseudos adoptés et le but politique commun, les particularismes des uns et des autres remontent peu à peu à la surface. Beau récit d’insurrection, Eloge des bâtards se construit sur cinq nuits au cours desquelles les protagonistes vont se livrer les uns aux autres, pour le meilleur et pour le pire.
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Dans son précédent roman, Que font les rennes après Noël ?, Rosenthal démontait pièce après pièce les rouages d’une société qui, avec ses codes, lois et valeurs, enferme. Interrogeant toujours plus loin les rapports conflictuels entre individu et communauté, elle pousse ici jusqu’à son paroxysme ce qui lie encore les hommes quand le monde s’effondre autour d’eux. Loin pourtant de cette collapsologie dont on nous rebat les oreilles, son livre fait plutôt œuvre de manifeste réjouissant, quelque part entre l’effronterie radicale du mouvement Anonymous, l’utopisme des printemps arabes et la “théorie de la singularité quelconque” du philosophe italien Giorgio Agamben.
Eloge des bâtards, Verticales, 336 p., 20 euros
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