L’histoire saisie à travers la vie de treize icônes du siècle, jamais nommées. Le premier roman du poète Anne-James Chaton.
“Elle a été surnommée ‘la bochesse’. Elle serait lynchée. Elle récupère ses brosses à cheveux. Elle se peigne toute la journée.” Elle, c’est Mata Hari, mais aussi Camille Claudel, Rosa Luxemburg, et d’autres. L’une symbolise les “années folles”, l’autre “la grande dépression”, une troisième “la montée des fascismes”.
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Elle regarde passer les gens, le premier roman du poète Anne-James Chaton, dessine une histoire secrète du XXe siècle, à travers les récits de vie de treize femmes mythiques : treize héroïnes, reliées par le même “Elle”. Placé sous l’influence de Georges Perec, le texte se donne une contrainte qui fait sa force : toutes ses phrases s’ouvrent sur le pronom personnel.
L’infra-ordinaire de femmes extraordinaires
Un “Elle” lancinant, qui rythme les phrases, suscitant une irrésistible envie de réciter, slamer, clamer. Ce qui n’étonne pas, Chaton étant le pionnier d’un renouveau en France de la poésie sonore (dans la lignée des Américains tels Thurston Moore ou John Giorno, avec lesquels il collabore parfois).
Aucun patronyme n’est précisé, pourquoi devraient-elles être définies par ce nom du père ou du mari ? C’est leur quotidien, dans ce qu’il a de plus trivial, que l’auteur détaille avec précision, sobriété. L’infra-ordinaire de ces femmes extraordinaires. Ainsi, au-delà des mystifications qu’on a tendance à projeter sur les icônes, il leur redonne leur part d’humanité.
Elle regarde passer les gens (Verticales), 262 pages, 21 €
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