Son retrait et son mystère conférait à l’auteure italienne un statut unique qui tend à se diluer depuis qu’elle tient chronique chaque week-end dans The Guardian.
On a longtemps respecté Elena Ferrante pour sa rareté, son refus de participer au spectacle. Sauf que, maintenant que sa tétralogie à succès, L’Amie prodigieuse, est achevée, la romancière italienne pérore partout. Depuis janvier, elle tient même une tribune chaque week-end dans le Guardian, dans laquelle, alors qu’elle avait toujours refusé de livrer trop de détails biographiques pour ne pas brouiller la lecture de ses romans, elle s’épanche soudain sur son tout premier amour, sur la peur, sur ses filles, même sur sa croyance dans l’au-delà. Et pour dire quoi ?
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En fait, pas grand-chose. Ferrante semble être tombée dans le piège de son statut de star, croyant que tout ce qu’elle vit ou dit est intéressant. Surtout si ça ressemble à un paradoxe, telle sa tribune titrée “Je suis fatiguée de la fiction”. Elle la conclut comme elle l’a fait avec ses précédentes, par une forme de lapalissade : pour elle, la limite entre fiction et non-fiction est très fine car il y a de la fiction dans l’une et du réel dans l’autre. Bah oui.
Et Elena a raison. Il y a en effet peu de différences, dans son cas, entre l’académique “la Marquise sortit à cinq heures”, et le “je sortis à cinq heures” de Lena, sa narratrice. Si Ferrante est intéressante aujourd’hui, c’est en tant que symptôme du retour d’un certain réalisme social, devenu, hélas, la nouvelle norme.
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