Eileen n’est pas belle, pas drôle, et même pas attachante. Mais le roman qui porte son nom est tout le contraire.
Contributrice régulière de la Paris Review, Ottessa Moshfegh a connu le vertige du buzz à la parution d’Eileen, son deuxième roman (presse dithyrambique, finaliste du National Book Critics Circle Award…). Son héroïne a pourtant tout pour déplaire. Père alcoolique, mère décédée, Eileen travaille comme secrétaire dans une prison et entretient un coup de cœur pour Randy, le beau gosse de son patelin sordide.
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Entre Precious et Ugly Betty, l’héroïne d’Eileen, aigrie jusqu’à la moelle, fantasme à ses heures perdues une vengeance, un meurtre, une évasion… Quand Rebecca débarque dans sa vie, sophistiquée, sublime, vénéneuse, c’est comme si Rita Hayworth – période Gilda – s’incarnait sous ses yeux. Leur amitié sera l’étincelle qui fait exploser la poudrière.
Appliquée et un poil sadique, Ottessa Moshfegh prend le temps d’installer son roman d’apprentissage extrême, s’attardant sur les vexations qui jalonnent la vie d’Eileen, faisant mijoter sa frustration jusqu’à l’implosion. Ainsi, elle jette une lumière crue sur les frustrations des invisibles et sur le danger de l’amertume accumulée, qui ne peut s’évacuer que dans la violence. Méfiez-vous des souffre-douleurs !
Eileen (Fayard), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier, 304 pages, 20 €
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