Dans son texte sur les César pour Libération, Virginie Despentes a déplacé le curseur : la domination n’est pas une question de genre. C’est une question sociale, de dominants/dominés, des riches, de puissants qui ont le pouvoir d’abuser des plus fragiles socialement. Elle dénonçait un entre-soi : celui d’une caste qui se serre les coudes pour conserver son pouvoir de domination.
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Dans les heures qui ont suivi, Despentes s’est pris un énorme backlash dans la figure. Tout ça via Twitter. Parce qu’un seul avait tweeté des phrases tronquées, extraites d’un texte qu’elle avait écrit pour Les Inrocks en 2015, au lendemain des attentats. Le tweet affirmait que Despentes faisait l’apologie des tueurs (ce qui est faux) et est devenu viral.
Il suffit d’un seul tweet pour planter la graine de la suspicion
Quand des tweets deviennent viraux, ils fondent une rumeur, celle-ci enfle et tue symboliquement. Ce que toute cette affaire a prouvé, c’est que le pouvoir de dominer ne vient pas que d’en haut, mais aussi d’en bas, dans l’underground des réseaux sociaux. Il suffit d’un seul tweet, soit une opinion professée en 140 signes, y compris malveillante et mensongère, pour planter la graine de la suspicion, voire finir par avoir valeur de vérité auprès de milliers d’internautes.
Aujourd’hui, tout individu qui ferait un pas de côté face à la doxa, de droite comme de gauche, se retrouve prisonnier entre deux pouvoirs : celui d’en haut et celui d’en bas, les puissants et la meute. deux formes d’abus, de violence, deux injonctions au silence. A nous tous·tes d’être vigilant·es.
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