Un nouveau Houellebecq à la rentrée ? Quand sort le Bret Easton Ellis ? Autant de questions qui bousillent l’été du critique littéraire.
A quoi reconnaît-on un critique littéraire en juin ? Alors que ses amis arborent le teint hâlé de ceux qui se sont fait bronzer à la terrasse des cafés, le critique littéraire est exsangue.
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C’est que le mois de juin, qui s’annonce pour chacun comme un vent de liberté – terrasses, promenades au soleil, sans parler ce mois-ci de la Coupe du monde ! –, devient pour lui un calvaire. Il entre quasiment dans les ordres : il prépare la sacro-sainte rentrée littéraire. Soit entre six cents et sept cents romans qui débarquent sur son bureau, à lire en un temps record – avant l’été –, et qui vont le coincer au piquet chez lui tous les soirs et tous les week-ends.
C’est d’ailleurs la période où l’on compte un nombre croissant de divorces chez les critiques littéraires : en juin, ils se font plaquer à tour de bras par des conjoints lassés d’entendre la même réponse à la même question : “Chéri(e), on sort ce soir ?” A savoir : “Je lis !” Mais là n’est pas le plus grave. Ce qui augmente considérablement le taux de stress du critique littéraire en juin, c’est la course aux infos, aux bons textes, aux perles rares, aux entretiens avec les “stars” de la littérature.
Il vit pétri de l’angoisse qu’un autre magazine passe avant, rafle l’entretien exclusif, et même la primeur de l’info. Par exemple : y a-t-il, oui ou non, un nouveau roman de Michel Houellebecq à la rentrée ? Oui, et il sortira le 8 septembre. Il s’agirait d’un gros roman… Ecrivez cela, et vous verrez que tous les autres critiques, du moins les rares qui lisent cette chronique, ne pourront s’empêcher de se dire, dans un hoquet d’anxiété : “Diantre, elle l’a, elle, le Houellebecq !” Non, qu’on se rassure.
L’autre question liée à une star concerne le nouveau Bret Easton Ellis : il sort quand, finalement ? Suite(s) impériale(s), la suite de Moins que zéro, atteindra les librairies le 20 septembre. Et Coetzee, qui sort un roman à la rentrée et qui, même en participant cette semaine au Marathon des mots à Toulouse, refuse toute interview, ne se laissera-t-il pas aller à s’épancher sur l’épaule d’un quelconque confrère qui se trouverait au bon endroit au bon moment ?
Heureusement, contrairement au cinéma, les stars de la littérature sont en nombre restreint. Restent celles de demain à découvrir : premiers romans brillants, jeunes auteurs singuliers… Lors d’un entretien, l’éditeur Paul Otchakovsky- Laurens nous confiait faire ce métier pour l’excitation qu’il y a à ouvrir un manuscrit et à découvrir, dès les premières pages, un texte fort. Le critique fait ce métier pour à peu près la même raison : ce shoot d’adrénaline que représente tout texte qui, dès qu’on le commence, est excitant. Le valium, donc, peut toujours attendre.
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