Les souvenirs doux-amers d’un jeune homme paumé dans un Paris disparu.
Il y a du Modiano dans le nouveau livre de Dominique Fabre, dans la façon dont son narrateur parcourt mentalement un Paris pas si ancien, celui du début des années 1980, et pourtant déjà englouti. A l’époque, vague étudiant paumé et pauvre, il avait par hasard sympathisé avec un jeune chercheur. Jusqu’à être invité dans la banlieue cossue où il vivait avec la douce et fragile Mathilde. Le garçon découvrait alors leur milieu et leurs amis. Aujourd’hui, tant d’années après, il se souvient.
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Dominique Fabre possède le don de faire surgir très précisément mille détails qui hantent toujours son narrateur. Pourtant, dans sa minutieuse reconstitution, il instaure un trouble, car aucun de ses personnages n’est exactement ce qu’il aurait dû être. L’auteur de Il faudrait s’arracher le cœur saisit très finement l’état d’esprit d’un garçon au passé qu’on devine difficile, muet d’étonnement face à des existences si différentes de la sienne.
Douce nostalgie
Il se garde toutefois de tomber dans la caricature. Son narrateur observe, aime spontanément tous ces gens tout en conservant une prudente réserve. La vie est faite de rencontres et de séparations, certaines sont plus improbables, inoubliables ou douloureuses que d’autres, voilà ce qu’aujourd’hui nous dit Dominique Fabre, dans un beau roman doucement nostalgique.
Les Soirées chez Mathilde (Editions de l’Olivier), 240 pages, 18,50 €
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