Denis Roche, fondateur au Seuil de la collection “Fiction & Cie”, a traversé le paysage littéraire français avec autant de discrétion que de curiosité pour l’exploration de ses avant-gardes.
Ecrivain, éditeur et photographe Denis Roche vient de mourir, le 2 septembre, à l’âge de 77 ans. Il est connu surtout pour avoir fondé en 1974 la collection de littérature contemporaine (romans et essais) “Fiction & Cie” aux éditions du Seuil a édité des auteurs marquants comme Thomas Pynchon, Pierre Guyotat, Susan Sontag, Olivier Rolin, Jean-Christophe Bailly, Catherine Millet… Reprise par Bernard Comment à partir de 2004, la collection a maintenu un niveau d’excellence avec une nouvelle génération d’auteurs (Antoine Volodine, Chloé Delaume, Philippe Artières, Tiphaine Samoyault, Jean Hatzfeld, Alain Mabanckou…).
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Né à Paris en novembre 1937, Il fut d’abord directeur littéraire aux éditions Tchou de 1964 à 1970. Il participa au comité directeur de la revue Tel Quel dans les années 1960. En 1971, il entra aux éditions du Seuil qui estime aujourd’hui que sa collection reste l’un “des plus beaux lieux d’accueil de la littérature contemporaine française et étrangère mais aussi d’essais singuliers et toujours marquants”. De ses activités d’auteur, ouvert à l’avant-garde poétique, on retiendra quelques livres marquants : Louve basse (1976), Dépôts de savoir & de technique (1980), La Disparition des lucioles (1982), Conversations avec le temps (1985) Dans la Maison du Sphinx (1992), La poésie est inadmissible (1995)…
Photographe pour “explorer les figures du temps”
Parallèlement à son métier d’éditeur et d’écrivain, Denis Roche pratiqua la photographie et l’écriture sur la photographie. Il fonda ainsi en 1980 avec Gilles Mora, Bernard Plossu et Claude Nori Les Cahiers de la photographie, revue qui pendant dix ans fut le lieu le plus vivant de la critique photographique contemporaine. La revue consacra en 1985 un numéro historique à l’œuvre de Robert Frank. En 1997, Denis Roche reçut le Grand prix de la photographie de la Ville de Paris.
En 2001, son ami Gilles Mora lui consacra une monographie sous le titre Denis Roche – Les Preuves du temps, qui retrace l’ensemble de son œuvre photographique depuis 1971, exposée en 2001 à la Maison européenne de la photographie.
Pour lui, la photographie permettait “d’explorer les figures du temps”. Il parlait “d’acte photographique”, en ce sens qu’il n’y a pas selon lui de réflexion sur le moment où la photo se fait.
“Les photos que je fais sont des photos en vision directe, ce sont des états, des formes que je rencontre quand je circule, quand je suis dans la rue, en voyage, des choses qui sont devant moi, il n’y a pas de mise en scène, ce ne sont pas des photos faites en studio, des photos préméditées, ce sont des images un peu particulières, qui excluent toute sorte d’autres commentaires”, disait-il.
Sa discrétion médiatique ne l’empêcha pas de sortir du bois parfois, au gré des circonstances politiques. Son intervention forte sur le plateau de l’émission Bouillon de culture animée par Bernard Pivot en 1997, pour protester contre la loi Debré sur l’immigration, est restée un indice visible de la haute idée qu’il se faisait de l’acte de création et de la résistance qu’il conférait à l’art dans le rapport au réel.
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