L’auteur des Variations Bradshaw poursuit son étude des maux intimes. Audacieux.
Rachel Cusk est une écrivaine obsessionnelle. Paru en 1993, son premier roman, Saving Agnes, mettait en scène une sorte de pré-Bridget Jones. En 2001, elle publie un essai allègrement commenté sur la maternité. En 2006, Arlington Park auscultait le quotidien d’une poignée de femmes au foyer désespérées, en proie au vide métaphysique de leur existence confortable et étriquée.
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Réceptacle d’un chœur désordonné
Son dernier livre, Les Variations Bradshaw, regardait un couple se fissurer jusqu’à l’explosion. Livre à livre, on a senti dans ce motif féminin récurrent poindre l’envie autobiographique, comme si l’expérience de l’auteur phagocytait peu à peu sa capacité à se projeter dans ses personnages. Drôle d’objet littéraire, Disent-ils suit une narratrice dans un voyage de quelques jours en Grèce, où elle anime un atelier d’écriture. Au gré de ses rencontres et de ses conversations, ses interlocuteurs se confient cœur et âme, la faisant disparaître autant qu’ils la révèlent.
En recevant les témoignages de femmes et d’hommes qui confessent leurs pires pensées et leurs amertumes intimes, elle devient le réceptacle d’un chœur désordonné, une écrivaine annexée, comme colonisée par ses personnages… Jusqu’à devenir l’hôte consentante d’une assemblée qui la nourrit et la dévore. Un projet littéraire singulier qui interroge l’écriture de l’amour et l’amour de l’écriture.
Disent-ils (Editions de l’Olivier), traduit de l’anglais par Céline Leroy, 204 pages, 21 €
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