Chacun à sa manière, libre et audacieuse, les auteurs-dessinateurs américains Frank Miller et le duo Matt Fraction-Christian Ward revisitent Antiquité et mythologie.
En 1998, en parallèle à sa variation autour du roman noir Sin City, l’Américain Frank Miller réinterprétait dans 300 la guerre des Thermopyles opposant Grecs et Perses. Deux décennies après cette relecture ambiguë, toujours fasciné par les affrontements guerriers de l’Antiquité, il réinvestit la même période pour un récit qui constitue à la fois le prologue et la suite de sa première incursion.
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Parce qu’il jongle avec la chronologie, annonçant, par exemple, la mort du roi Xerxès avant son mariage, ce récit non linéaire déconcerte d’abord. Ayant le don de prendre des libertés avec la réalité historique, l’auteur de la série Batman : Dark Knight ne rompt pas avec ses habitudes. Bien que son trait soit devenu anguleux et raide, Xerxes, présenté dans un beau livre au format à l’italienne, s’apprécie avant tout comme une divagation onirique et fantastique autour de l’Antiquité et de la mythologie grecque.
L’épopée d’Homère en science-fiction féministe
Cette démarche, Matt Fraction et Christian Ward, benjamins de Miller, la poussent encore plus loin dans leur relecture exubérante de L’Odyssée d’Homère. Loin de se limiter aux textes classiques, leur inspiration les amène vers Barbarella, le fétichisme, l’imagerie funk des seventies, le mystique Alejandro Jodorowsky ou L’Odyssée de Pénélope de Margaret Atwood. Grâce à ces influences éparses, l’épopée d’Homère se transforme ici en une violente et psychédélique saga de science-fiction féministe dans laquelle les hommes sont peu nombreux et souvent réduits en esclavage.
L’inventivité du dessinateur Christian Ward, ses couleurs éclatantes ainsi que sa mise en scène d’une grande audace…
On suit ainsi Ulysse, répondant au nom d’Odyssia, qui, après avoir été victorieuse à Troiiia, cherche à rejoindre Ithicaa. Comme le scénariste Matt Fraction s’efforce d’imiter le style d’Homère, il est nécessaire de se montrer patient pour appréhender son texte. Mais l’inventivité du dessinateur Christian Ward, ses couleurs éclatantes ainsi que sa mise en scène d’une grande audace aident à s’immerger dans cet album aux pages souvent hallucinantes. Grâce à lui, Ody-C rivalise en folie et majesté avec le Salammbô du dessinateur Philippe Druillet d’après Flaubert.
Xerxes de Frank Miller (Futuropolis), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sidonie Van Den Dries, 120 p., 20 €
Ody-C Omnibus de Matt Fraction et Christian Ward (Glénat), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Bauthian, 336 p., 35 €
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