Malgré un canevas convenu, le nouvel album de l’Américain Craig Thompson émerveille par sa beauté et sa créativité graphique.
Dans une galaxie très très lointaine, et dans un futur indéterminé, la petite Violette vit avec sa mère, créatrice de mode, et son père, bûcheron et ancien repris de justice, dans un trailer park spatial. Alors que des baleines galactiques se mettent à détruire les astéroïdes habités, le père de Violette disparaît. Accompagnée de deux fidèles amis – une créature débrouillarde et irascible et un poulet intello et stressé –, Violette décide de partir à sa recherche.
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Craig Thompson, auteur des romans graphiques Blankets et Habibi, délaisse les thématiques intimes et dramatiques pour un récit de science-fiction nettement plus léger et moins introspectif – et abordable par un public plus jeune.
Humour scato de cour d’école
Avec comme influences évidentes Star Wars, Blade Runner et Moby Dick, on pouvait s’attendre à une aventure complexe et échevelée. Mais les rebondissements sont rares, l’intrigue est dominée par un discours convenu sur la famille et par un humour scato de cour d’école. Malgré tout, Space boulettes est un livre fascinant, grâce à son graphisme.
Les monstres et les créatures, tout comme Violette, ont des mines toujours expressives, ultra sympathiques, et les personnages sont attachants. Surtout, Craig Thompson conserve le souci maniaque de la précision qui illuminait déjà Habibi. Chaque case, chaque planche comportent un fourmillement incroyable de détails.
Mise en page créative
Mille et une choses s’y déroulent en parallèle. Les vaisseaux, les robots, les ordinateurs, les habitations, même l’intérieur d’une baleine, tout est minutieusement dépeint, truffé de références, de petits gags – le plaisir qu’on ressent à scruter chaque dessin rappelle celui qu’on a éprouvé, enfant, à la découverte du village des Schtroumpfs.
En filigrane, les décors dévoilent un commentaire plutôt éclairé et même parfois légèrement satirique sur la pauvreté, la lutte des classes, le système éducatif et l’environnement. Enfin le trait, beaucoup plus vif et spontané que dans Blankets ou Habibi, et la mise en page créative donnent une impression de mouvement et de souffle. De quoi compenser le manque de surprises de l’intrigue.
Space boulettes (Casterman), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Guillaume, Laëtitia et Frédéric Vivien, 328 pages, 24,95 €
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