Ses auteurs ont rendu un bel hommage à Jean-Marc Roberts. Sauf Marcela Iacub.
Ceux qui persisteraient encore à prendre Marcela Iacub pour la nouvelle Christine Angot ont pu mesurer, en lisant leurs textes dans le beau dossier consacré à Jean-Marc Roberts par Libération (26 mars), à quel point elles ne jouent pas dans la même cour. Angot a une écriture, un souffle, un rythme, qui manquent cruellement à Iacub. Angot parle depuis l’affection (si complexe puisse être une affection), Iacub depuis la haine (contre ceux qui ont « osé » critiquer son livre). Angot aime, Iacub se venge, et se venge sur le dos d’un mort. Angot a de l’allure, Iacub est obscène. Car il y a une profonde obscénité à écrire ceci : « Je pourrais dire aujourd’hui : vous les esclaves nerveux, vous êtes des salauds qui avez perturbé les dernières semaines de la vie de Jean-Marc Roberts qui aurait préféré les vivre plus tranquillement. Vous qui auriez aimé que ce roman soit interdit, vous qui avez applaudi à la condamnation, vous lui avez tous fait du tort. Mais je ne peux pas vous dire cela, parce que ce serait faux. »
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N’empêche qu’elle l’insinue, ce qui est une accusation grave, et trahit, quelques heures après sa mort, un éditeur qui n’aura jamais tenté d’intimider la presse, et certainement pas en brandissant la massue du pathos et de la culpabilisation. On notera aussi au passage qu’entre DSK et Anne Sinclair, qu’elle décrit dans son livre comme se croyant de la « race des seigneurs », et les autres, « esclaves nerveux », le monde se diviserait selon Iacub en deux camps : les Maîtres et les Esclaves. Sauf elle, bien sûr, qui se prend pour une sorte d’aristocrate. « (…) vous lui avez montré à quel point ce qu’il avait fait avec moi compte (…) ». Instrumentaliser un mort pour servir son ego, pas très aristocratique… Et puis, un détail : on ne fait pas de l’autofiction avec de la mégalomanie, mais avec de la littérature. Si on en est capable.
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