A Cherbourg, une exposition donne à voir de très rares planches originales de Winsor McCay. L’occasion d’admirer à nouveau le génie du créateur de Little Nemo.
C’est une exposition exceptionnelle que propose jusqu’au 1er octobre la Biennale du 9e art à Cherbourg. Consacrée à Winsor McCay (1869-1934), elle comporte plus de 60 planches originales et de nombreux documents, réunis par le galeriste Bernard Mahé sous la houlette de deux commissaires experts et toujours passionnants, François Schuiten et Benoît Peeters.
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Remarquable, cette exposition l’est notamment car les planches de l’auteur de Little Nemo in Slumberland, dont beaucoup ont été découpées par son fils, détruites ou simplement mal conservées, sont rares – il en subsiste à peine une centaine dans le monde.
“S’il a inventé une chose, c’est la page de bande dessinée”
L’auteur, qui publiait ses récits en une page dans les sunday pages des journaux américains, n’a jamais vu ses planches réunies en volume de son vivant. Pourtant McCay est bel et bien l’un des pionniers de la bande dessinée américaine.
Révéré par Chris Ware, Art Spiegelman ou encore Moebius, Winsor McCay a d’emblée perçu les possibilités infinies de la bande dessinée, joué avec les cases, la perspective, les échelles, réfléchi à l’importance de l’utilisation de la couleur.
Benoît Peeters souligne que “s’il a inventé une chose, c’est la page de bande dessinée. La page est son objet. Avant lui, il y a le strip, il y a des pages décoratives au long du XIXe siècle mais elles sont rarement des unités organiques aussi fortes. Chez McCay, il y a une plasticité, l’idée que la hauteur des lignes d’images peut varier, qu’on peut s’organiser autour d’une case centrale, qu’on peut travailler un dispositif spectaculaire qui peut devenir le point de départ d’un récit”.
Un pionnier du dessin animé
On peut admirer ces prouesses narratives, graphiques et imaginatives, ainsi que la sûreté et la netteté de son trait, dans les magnifiques planches de Little Nemo présentées dans l’exposition. Dans les récits mettant en scène le petit héros rêveur, la fantaisie règne systématiquement – on le voit devenir un géant, chevaucher des lions, survoler un palais sur le dos d’un oiseau, arriver sur Mars… Autre constante, la dernière case de chaque planche montre invariablement le petit garçon en train de se réveiller de ses rêves animés – McCay a aussi été un précurseur du travail sous contrainte.
Passionné par le mouvement, Winsor McCay a également été un pionnier du dessin animé. Il en réalise dès 1911. Déjà très sophistiqués pour l’époque, certains d’entre eux sont présentés à Cherbourg, comme le tout premier dessin animé documentaire, sur le naufrage du Lusitania. Un magnifique travail défricheur qui n’a perdu en rien de sa fraîcheur et de son originalité.
Biennale du 9e art : Winsor McCay, de Little Nemo au Lusitania musée Thomas-Henry, Cherbourg, jusqu’au 1er octobre
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