Avec son trait délicat, la dessinatrice met beaucoup d’esprit et de poésie dans un livre en forme de rêverie philosophique.
“Ce que le monde fait, ne le fais pas.” Cette vision, Janis et Jonas la chérissent. Ennemis de la dissonance extérieure, les deux amis préfèrent l’harmonie de leur existence en retrait. Artistes, entourés d’une ménagerie, il vivent de traits d’esprit et de musique, ne quittant leur appartement que pour promener leur chien.
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Les arrivées d’un virus puis de Giuseppe, doué du seul don de lévitation, viennent secouer leur monde de spiritualité et de singularité. Se terminant sur une gravure représentant saint Joseph de Cupertino – franciscain du XVIIe siècle qui s’élevait dans les airs –, cette bande dessinée de Gabrielle Piquet semble avoir été conçue hors du temps.
Équilibre précaire
Avec ses mots inspirés et son graphisme gracieux, rappelant Quino, Saul Steinberg ou Sempé, l’autrice française construit page après page un univers bien spécial et fourmillant de détails, qui entretient un rapport ténu et métaphorique avec notre monde.
Un tendre sens de l’absurde et pas mal de folie douce insufflent une poésie euphorisante et inspirante qui, à l’image des architectures baroques ou intérieurs en équilibre précaire que Piquet dessine, ne s’affaisse jamais. Réflexion sur l’amour, l’art et la solitude, De l’air est une fable enivrante qui laisse une trace profonde après lecture.
De l’air de Gabrielle Piquet (Seuil), 113 p., 22 €. En librairie le 27 octobre.
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