Le bédéiste biographie avec intensité le paysagiste Paul Nash et son travail lors de la Première Guerre mondial. Un album d’une grande richesse picturale.
Méconnu en France, Paul Nash est un paysagiste célébré en Angleterre – une rétrospective, présentée à la Tate Britain l’an passé, se tient maintenant à la Laing Art Gallery de Newcastle. Peintre de guerre officiel envoyé au Saillant d’Ypres en 1917, il est notamment connu pour sa vision saisissante des champs de bataille. Marqué par le conflit, il deviendra dans les années 1930 un pionnier du modernisme en Angleterre puis à nouveau peintre officiel de guerre en 1939-1945.
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Dave McKean, dessinateur mais aussi photographe, musicien, illustrateur, connu pour son travail avec Neil Gaiman (Signal/Bruit, les couvertures de Sandman…), s’est intéressé dès l’enfance à Paul Nash, fasciné par sa manière de transformer un paysage en une œuvre intime. Aussi, quand 14-18 Now, un programme culturel de commémoration de la Première Guerre mondiale, lui a commandé une œuvre à l’occasion du centenaire du conflit, c’est à Paul Nash qu’il a immédiatement pensé.
McKean a pris le parti de ne pas réaliser une biographie classique et linéaire, mais de raconter la vie du peintre de façon fragmentée, à travers des rêves de celui-ci, plongeant dans une quinzaine de moments clés de son existence.
Une narration complexe mais d’une grande clarté
Utilisant différents styles selon les événements et les époques, mélangeant, à son habitude, les techniques et les textures, Dave McKean raconte l’œuvre, les pensées, les souvenirs de Nash via le prisme de son propre imaginaire pictural, toujours très fertile. Il ne cherche pas à reproduire les peintures entre expressionnisme et surréalisme de Nash même s’il les cite parfois graphiquement (les troncs d’arbres calcinés).
Le résultat, d’une inventivité sans limite, sert toujours le récit et rend un hommage d’une grande intelligence aux paysages oniriques de Paul Nash. Les textes, en contrepoint de la narration complexe et non chronologique, sont d’une grande clarté, et permettent de ne jamais être perdu. En imprimant sa propre sensibilité sur la vie et le travail du peintre, Dave McKean réalise un album intense et émouvant sur l’art et la folie de la guerre.
Black Dog – Les rêves de Paul Nash (Glénat), traduit de l’anglais par Anne Capuron, 120 p., 25 €
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