L’auteure part à la recherche de sa généalogie trouble. Et se confronte à une réalité inattendue.
Un soir de février 2002, tandis qu’elle dîne en famille à son domicile londonien, Elena Lappin reçoit un coup de fil qui bouleverse sa vie. Un inconnu lui apprend que son père ne l’est en fait pas, qu’elle est la fille d’un dissident soviétique exilé à New York depuis 1973.
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Le juste recul pour écrire sur soi
Quelques heures plus tard, son géniteur l’appelle lui-même. Commence alors un périple sur les traces de sa famille, qui la mènera de la Tchéquie à la Russie, à la recherche de son enfance, de ses ancêtres, de son histoire. “Dans quelle langue est-ce que je rêve ?”, s’interroge celle qui est l’enfant de plusieurs cultures et origines. En replongeant dans ses souvenirs d’enfance, à la façon de Nathalie Sarraute, elle trouvera sa vérité.
Une recherche qui n’a rien d’opportun pour Lappin : elle avait déjà enquêté dans L’Homme qui avait deux têtes (L’Olivier, 2000) sur Binjamin Wilkomirski, imposteur tristement célèbre pour s’être inventé dans un livre des “souvenirs” d’enfant juif polonais sous l’Occupation alors qu’il est en fait Bruno Dössekker, quidam suisse. C’est sa réalité rejoignant celle d’un autre qui donne à Lappin le juste recul pour écrire sur soi.
Audacieuse, sa méthode d’écriture met de côté la cohérence chronologique pour, en archéologue, déblayer les éléments par couches successives. Et aboutir à la figure du marrane telle que la décrivait Jacques Derrida : ce Juif qui chasse le secret dans les deux sens du mot – il est à sa poursuite, et il est chassé par le secret, qui ne le laisse pas en paix.
Dans quelle langue est-ce que je rêve ? d’Elena Lappin (Editions de l’Olivier), traduit de l’anglais par Matthieu Dumont, 384 pages, 23 €
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